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Critique de Piotelat


Vivre ensemble, est-ce possible ? Depuis Starmania, on sait que l'on vit les uns avec les autres, les uns contre les autres, que l'on se déteste, que l'on se déchire. Puis, il y a eu les attentats de ceux de Paris à ceux de Nice, qui ont apporté un tiret et un article. "Le vivre-ensemble" est-il possible ?
Un roman ne peut répondre à une telle question de société, alors il en prend un petit échantillon avec une famille recomposée.
Salomon est un enfant précoce âgé de 10 ans, au QI de 150. Il a sans doute d'autres pathologies qui sont décrites mais non nommées. Schizophrénie ? Autisme ? Asperger ? Bipolarité ? Sa mère, MdeS pour "mère de salomon", est une autiste qui s'ignore, comme beaucoup de femmes non testées. C'est l'exact contraire d'Alexandra Reynaud, auteur de l'essai "Asperger et fier de l'être". Son père, Pierre, fuit en permanence. Il a commencé à le faire quand il avait 6 mois et s'est séparé de sa mère. Dans le roman, il se réfugie dans la maison de ses parents à Calais, puis dans la politique.
Léo a 13 ans. Son père Driss est musulman, propriétaire d'une brasserie à Paris. Sa mère Déborah est juive, réalisatrice de documentaires. Ils se sont séparés il y a un an.
Lorsque Pierre et Déborah emménagent dans un nouvel appartement, ils n'ont pas demandé l'avis de Léo et Salomon. Plus grave, Pierre a honte de la précocité de son fils, et ne donne pas les clés qui auraient permis à Déborah et Léo de comprendre les crises de l'enfant. On sent qu'il n'a pas lu "La précocité dans tous ses états" de Fabrice Back ou que les livres de Jeanne Siaud-Fachin et d'Olivier Revol ne figurent pas dans la bibliothèque.
Au début du livre, j'ai eu l'impression que les personnages de Salomon et de MdeS étaient tout droit sortis de la série de Big Bang Theory. Salomon, c'est Sheldon Cooper ; MdeS c'est madame Wolowitz, la mère d'Howard. Un enfant précoce qui ne quitte pas son énorme cartable, j'en ai rencontré, et pas qu'un seul... Et puis, cette scène là où la franchise de l'enfant qui ne sait pas mentir est perçue comme de la provocation, tous les enseignants l'ont vécue.
Avec ce roman, Emilie Frèche parvient à décrire le quotidien des parents d'enfants précoces, de leur entourage, des efforts, des batailles que les parents doivent souvent mener à tous les niveaux. Elle pose aussi la même question de Fabrice Back à propos de l'absence ou du désintérêt du père pour la précocité.
En filigrane, il y a aussi le thème tabou de la génétique. Salomon a-t-il hérité ses problèmes de sa mère, ou est-ce l'environnement pesant que créé celle-ci qui provoque crises et envies meurtrières et suicidaires chez l'enfant ?
L'auteur fait preuve d'une hypersensibilité et d'une grande pudeur dans ce roman fort, violent, comme peut l'être la société. Même si elle n'emploie pas la même stratégie que Boualem Sansal dans "Le train d'Erlingen" pour parler de ce que les attentats de 2015 ont changé en nous, le message est le même. Les politiques sont impuissants, fuyants, et brandissent un impossible "vivre-ensemble" pour ne pas voir que le train n'arrivera pas, que rien ne s'arrangera tant que personne ne décidera de ranger les couteaux. Au bout du compte, on se rend compte, qu'on est toujours tout seul au monde disait la chanson...
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