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Critique de florencem


J'ai bien failli abandonner. Pas un début de chronique très prometteur... Et pourtant, malgré mes bonnes résolutions de ne pas me forcer avec mes lectures, j'ai poursuivi. le début de Shadowscent n'est pas mauvais, attention, mais il est très lent. Il faut bien dépasser les cent cinquante pages pour enfin se prendre au jeu. Et c'est long, car on cherche l'intérêt, la petite étincelle qui fait que l'on accroche et que l'on a envie de poursuivre. Et quand elle vient enfin, c'est un soulagement.

Le "problème" avec la mise en place de l'univers de Shadowscent réside, je pense, dans deux éléments. le premier est que nous suivons deux personnages totalement différents : Ash et Rakel. L'un vit au palais, l'autre est une jeune femme du peuple. Deux univers diamétralement opposés. le second est que l'univers est très riche. Il y a une géographie à expliquer, une politique, des croyances, des créatures, des us et coutumes... le temps que cela se mette en place pour que l'on s'imprègne de tout... Il y a de quoi perdre le lecteur. Paradoxalement, pourtant, je pense que cette mise en place est nécessaire. Alors oui, si le résumé vous a plu, si vous vous êtes attachés à nos deux héros, persévérez un peu.

Du moment où l'élément déclencheur arrive, c'est un grand bol d'air. L'histoire est lancée, l'intérêt est bien là, et on embarque dans l'aventure de Ash et Rakel sans aucun soucis. Il y a certaines facilités, mais franchement, j'ai apprécié leurs péripéties, au point de très vite oublier mes débuts difficiles avec l'histoire. J'aime particulièrement le fait que l'auteur ait choisi de jouer sur pas mal de plans différents : politique, religion, aventure et romance. Cela donne un très bon rythme, avec des moments de tension, et une paranoïa qui est toujours là, même dans les moments plus calmes et sereins. Il y a de quoi réfléchir, avec des intrigues et des rebondissements, tout en ayant cette douceur, parfois amère, que peut amener une romance, mais aussi la découverte de ces deux personnages au passé douloureux.

Ash est une interrogation dès le départ. J'ai eu du mal à le cerner vis-à-vis de son passé. On le comprend très rapidement, et on s'attache sans problème, mais cette noirceur qui l'entoure est mystérieuse. Il a un côté peut-être un peu stéréotypé, mais plus on apprend à le connaître, plus on se rend compte de sa complexité. Rakel est à l'image des héroïnes fortes que l'on peut voir fleurir de plus en plus ces derniers temps. J'ai aimé son côté rentre dedans, son franc parlé, ainsi que sa témérité. Des qualités qui sont parfois sources d'ennuis pour elle, mais qui lui donnent également plus de relief. Il est aussi facile de voir combien cette carapace cache une jeune femme en souffrance. Mais surtout, c'est son don qui sort de l'ordinaire.

P. M. Freestone fait un pari audacieux d'ailleurs en choisissant les parfums comme point d'encrage, ainsi que la religion. Original, Rakel se retrouve avec ce que l'on pourrait appeler "un nez" chez les parfumeurs. Elle est capable de reconnaître les plus subtils essences mais cela lui rend également la vie assez désagréable. Un don qui lui pourrit aussi la vie en quelque sorte. Mais je trouve l'idée intéressante, car cette dualité fait qu'on ne voit pas le talent de Rakel comme quelque chose d'extraordinaire. On s'émerveille, certes, mais on comprend aussi ce qu'elle peut endurer au quotidien. Quant à la religion, je l'ai trouvé également très bien traitée, alors que je ne suis pas fan de ce genre de chose généralement. L'auteur arrive à gérer cela avec subtilité, sans fanatisme. Et pour le coup, j'ai trouvé que la place de la religion dans cette société lui donnait un aspect plus réel. J'ai d'ailleurs hâte de voir si c'est un pan de l'histoire qui sera développé dans le second tome.

La fin est très réussie, et surtout, elle nous promet de très bonnes choses pour la suite. J'ai eu ce sentiment de contentement, sans être frustrée par ces petites révélations qui nous laissent espérer quelque chose de passionnant. J'ai envie de lire la suite, mais sans être frustrée. C'est assez nouveau, et j'adore ça. Nous n'avons pas forcément toutes les réponses à nos questions, mais l'essentiel est donné, et cette sorte de teaser donne l'eau à la bouche. Donc en conclusion, je suis contente d'avoir poussé un peu plus avec Shadowscent. Reste à espérer que Crown of Smoke ne me déçoive pas.
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