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Critique de babounette


Dernier arrêt avant l'automne - RENÉ FREGNI - roman - lu en juin 2020.

"Pour tous ceux qui trouvent dans les livres un peu de réconfort, de paix et d'évasion.
Pour ma mère, encore
qui m'a lu de si beaux livres,
les soirs d'hiver, dans notre cuisine de Marseille,
au-dessus des jardins".

Cher René,

Je referme votre livre avec un sentiment de vide parce que j'ai lu tout vos écrits hormis "Marilou et l'assassin" et "La nuit de l'évasion" qui ne sont plus édités.
Un sentiment de vide parce que je n'ai plus rien à lire de vous, mais par contre, j'ai l'esprit tout empli de vos mots si beaux et de merveilleux moments passés en votre compagnie jusqu'à ce Dernier arrêt avant l'automne".

Je suis dans le monastère de Ségriès, qui veut dire sacré ou secret, dans les Alpes de Haute Provence, aujourd'hui transformé en chambres d'hôtes. "L'automne a lancé sur le cloître et la maison de l'évêque ses longues draperies de vigne vierge, elles mordent les génoises et retombent en pluie de sang devant les sept fenêtres de chaque étage."

Vous venez d'arriver et je le découvre avec vous, "Les soirs n'ont jamais été aussi beaux." C'est Pascal et Aline, libraires à Riez qui vous ont trouvé ce travail de jardinier dans cet endroit de silence où vous pourriez écrire dans votre cahier à marge rouge. Pascal et Aline qui s'aiment tant. "Ceux qui ne croient plus à l'amour devraient venir voir le visage de Pascal lorsqu'il regarde Aline. C'est un spectacle merveilleux... Et cet éblouissement dure depuis vingt ans."

Vous avez l'angoisse de la page blanche, aucune idée ne vient et quand Pascal vous demande "et alors, le prochain, c'est pour quand?" Vous répondez "presque terminé." Vous n'en menez pas large ! Vous pensez "je crois que ce soit cette fois bien fini, ce combat lumineux dans la blancheur de mes cahiers."

S'il vous plaît cher René, ne me faites pas ce coup là hein !

Et donc, au fil des jours, nous prenons possession de ce vieux monastère et de l'immense espace qui l'entoure, vos journées se passent à défricher, débroussailler et tailler tout ce que la nature a envahi en cinq ans. "La broussaille avance à une allure, en cinq ans elle avale n'importe quel hameau, château, forteresse abandonnés."

Il y a six mois maintenant que nous sommes là et vous avez abattu un travail titanesque, vous avez apprivoisé une petite chatte que vous avez appelée Solex parce que son ronronnement vous rappelait le bruit de votre Solex de jeunesse qui vous emmenait sur toutes les routes de Provence.
Nous avons fait connaissance avec OK Dinghi qui rénove le monastère, un personnage étonnant.

Et le temps s'écoule, paisible, "un bon feu, cette petite boule duveteuse qui vibre sur mon ventre, des murs d'un mètre d'épaisseur autour de nous, la nuit qui vient. Que demander de plus à l'automne ?"

Vous déposez des mots sur votre cahier, tilleul "et tout de suite vous êtes sous un tilleul, le mot lessive et vous revoyez votre mère étendre les draps dans la lumière du jardin et la joie de sa jeunesse."

Votre maman, elle est toujours avec vous, partout et dans tous vos livres.

Mais cette grande paix autour de vous ne va pas durer, une découverte insolite et macabre va chambouler vos journées

Au bout de ce tumulte, une fois de plus, c'est en ouvrant votre cahier et avec votre stylo à l'encre bleue que vous avez retrouvé la paix.
Pendant une semaine, jour et nuit, "ma main droite avance lentement à la recherche de l'amour. Il n'y a que des mots d'amour, les autres n'existent pas."

C'est l'hiver à présent, la neige recouvre l'immensité du paysage et vous décidez de repartir sur les routes avec Solex votre petite inséparable, laissant derrière vous le monastère, Pascal et Aline , OK Dinghi non sans lui laisser une magnifique lettre qui commence par ces mots : "Cher compagnon de hasard"... Et moi, qui reste seule devant cette date qui clôture nos quelques mois passés ensemble : 22 décmbre 2018.
Et pendant que vous roulez vers le printemps, j'ai peine à reprendre pied dans ma réalité

J'espère encore avoir le plaisir de vous lire cher René, comme vous le dites si bien plus haut, j'ai oublié le monde, j'étais en paix et je me suis évadée.
Ces moments partagés valent bien un énorme merci.
J'ai rangé précieusement votre livre avec les 14 autres que j'ai lus, plus "les carnets de prison" et "Les jours barbares" dans ma bibliothèque.

Il pleut sur ma ville mais il fait soleil en moi.


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