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Critique de michfred


La petite musique de René, encore, ég-René-e dans son cahier de bord, saison après saison,  toujours perchée,   entre ses collines
ou les toits de Manosque,  toujours  tendre, amicale  - mais un peu plus mélancolique cette fois.

 Le regard et le récit s'attardent sur deux  rêveurs dépressifs, Pierre le collectionneur de rebuts qu'il paraphe d'un trait rouge, comme pour en acter l'abandon effectif, et Joël  le charpentier amoureux des livres, du bois et des jardins qui a fait de Banon- quelques milliers d'âme- ,   le temps d'un rêve fou, le haut lieu des livres et de la lecture!

Souvenirs taciturnes d'un père - chasseur -dont René n'a guère parlé jusqu'ici-,   un père  taiseux, qui n'a "jamais dit un mot " à son fils : des souvenirs d'affût dans la pénombre , des souvenirs silencieux et  carnassiers, quand ceux de sa mère sont tout de lumière, d'échange et de chaleur.

Souvenirs sombres: de l'école, haïe par l'enfant rebelle,de la prison militaire du déserteur  qui s'est fait la belle sans y moisir longtemps, de ses démêlés avec la justice, que les amitiés "taulardes" de René inquiètent. ..

René Fregni, électron libre, doux rêveur, anar joyeux, libertaire naïf. ..

Petites tragédies domestiques comme la mort  du chat, compagnon des pages d'écriture et , autrefois, des jeux avec Marilou, une autre "vie minuscule" qui, quand elle bascule dans le vide, creuse un trou immense...

Grandes tragédies nationales, aussi: la fusillade de Charlie et celle de l'hyper casher jettent leurs grandes ombres sur la chronique hivernale, mais même là, surtout là, Fregni parle de fraternité oubliée, de jeu social fracturé - facteurs de haine, de méfiance, de malveillance- sans jamais céder lui-même à ces vilains sentiments.

Restent les livres, les amis, parfois taulards,  les bras d'Isabelle, les bonnes petites bouffes, la complicité pas toujours évidente à retrouver  avec Marilou, étudiante et amoureuse,  les marches inlassables dans les hautes collines, bleutées de lavande  et les terrasses de café ensoleillées ..

Rien d'exceptionnel, et tout à fait unique pourtant.

Tout le charme est dans ces retrouvailles,  solaires ou douces-amères,  avec un ami qu'on s'est fait depuis quelques livres déjà,  et qu'on est content et soulagé de revoir, inchangé et fidèle , si fraternel et si proche!
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