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Critique de Annette55


«  Le printemps est un barbare qui déchire les robes, s'engouffre dans les villes, saccage les citadelles de la raison.Le printemps est une cathédrale de feuillage et de désir qui surgit dans les ruines de l'hiver. »

«  L'amour a la beauté d'un nuage . Il se forme vite, brille un instant sous la lumière de soufre et se désagrège avant d'atteindre l'horizon . »

Deux extraits significatifs de ce très bel ouvrage lu d'une traite, une espèce de chant mélancolique qui parle d'amour et de tendresse——une tendresse infinie——- voué aux collines de sa Provence , pétri de nostalgie, lumineux , infiniment poétique où l'amour d'une mère transparaît au détour de chaque page: «  Mortes, nos mères veillent encore sur nous .... »
Cueillettes , lumière dorée, souvenirs de fin d'été où René Frégni ramassait les mûres avec sa maman ,celle - ci, radieuse , un panier à la main , heureuse de croiser quelques vaches rousses et de loin en loin, « le vol noir des corbeaux. »

A cette époque bénie , tout était simple et beau, surtout pas de leçon à apprendre par coeur ( le lecteur se souvient d'un autre ouvrage et des douleurs ....ressenties à l'école ) .
Une vallée dorée et la paix tiède de ces nuits - là , irradiées de bonheur .

L'auteur nous offre une longue ballade mélancolique aux côtés de Tony: vingt - sept ans de prison, au coeur des hauts murs noirs des centrales et des maison d'arrêts , Tony, un paradoxe, une énigme .... que René écoutait chaque semaine ——-, lui qui a appris à lire seul ——- en écrivant ...après des années d'école buissonnière....

Ce Tony , connu, respecté , craint par les restaurateurs , un Tony crépusculaire , inquiétant ...qui a connu tellement de cages...

En riant comme un bossu , l'auteur se remémore les quatre - cent coups à Marseille ...

Tout au long de cet ouvrage , de ce voyage cruel et tendre , René Frégni accompagne et « garde »surtout   Lili, l'homme à la mémoire perdue , un homme qui a traversé deux guerres, un siècle et ne sait pas son nom...
Le père d'Isabelle ,cette jolie institutrice—— aux seins que la plupart lui envient—- fait la classe à trente enfants , elle qui n'en a pas «  -La fiancée des corbeaux. »
René Frégni marche sur les chemins et les routes inlassablement , s'imprègne des couleurs , des senteurs inimitables de « SA Provence . »
Où l'on croise Jean Giono , R. J. Ellory, Jean-Genet, Jim Harrison, Jules-Renard et ses aphorismes , des polars scandinaves au hasard des lectures de René et d'Isabelle, Marilou la fille de l'auteur , étudiante à Montpellier partie vivre sa vie.... d'étranges silhouettes , dans un décor âpre et sauvage , des prisons sombres, une Provence brûlée par le gel et l'été ...
Émouvant , magnifique voyage ..

«  C'est tellement émouvant une belle histoire.
On peut s'y cacher, s'y enfouir , disparaître et être partout à la fois.
Depuis vingt ans , je me glisse avec exubérance dans tous mes romans, dans chacun de mes personnages, des plus solaires aux plus détraqués .. »

«  La Provence est âpre , brutale , contrastée .

Je l'aime parce qu'elle reste imprévisible et sauvage , brûle tout ce qui se hasarde hors de ses ombres maigres en été , tire sur l'argile et fait éclater les maisons , l'hiver elle fend les arbres et les pierres , traverse les villes comme un rasoir ouvert .... »

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