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Critique de Freio


Les auteurs, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, proposent des pistes de recherche incluant les coûts écologique et énergétique de la Révolution industrielle en Occident dans les nouveaux récits historiques.
La première partie est consacrée à la définition du terme « anthropocène » (que l'on doit au prix Nobel Paul Crutzen) et aux conséquences philosophiques dans les rapports homme/nature.
Concernant la deuxième partie, les auteurs passent en revue les différents récits, parfois anciens, faisant le constat de l'impact écologique de notre mode de développement. Car au fond, la question qui taraude les chercheurs est de comprendre, pourquoi en étant informées depuis si longtemps par de multiples mises en garde – lanceurs d'alerte dirait-on aujourd'hui – sur les conséquences catastrophiques du pillage écologique, les sociétés européennes n'ont elles pas pu mettre en place un autre modèle de développement. Car cette prise de conscience du risque écologique ne date pas de l'apparition des premiers partis « écolo » durant les années soixante. Déjà, les sociétés d'anciens régimes avaient des procédures de contrôle communautaire et étatique sur les productions nuisibles à la qualité de vie (de la localisation des tanneries en ville aux conflits marquant l'avènement du premier capitalisme chimique) preuve d'une intense réflexivité environnementale. Finalement, c'est une histoire de l'acceptation du risque environnemental et technologique imposant aux populations nuisances et pollutions. La qualité de vie dans les villes industrielles européennes du XIXe siècle en dit long.
La troisième partie, très concrète, ouvre des pistes pour de nouvelles narrations historiques, en s'appuyant sur une pléiade de néologismes qui peuvent paraître redondant mais qui ont le mérite d'être explicites (thanatocène, phagocène, Agnotocène, capitalocène... et j'en passe!).

Celui qui ouvrirait ce livre afin d'y trouver des recettes pour « sauver la planète » risque d'être fort déçu. Car L'ouvrage est un « livre programme » proposant une «  nouvelle histoire » incluant les préoccupations environnementales de notre époque. Mais cette nouvelle manière d'aborder « l'anthropocène » est selon les auteurs un premier geste politique pouvant nous aider à mieux appréhender les défis qui nous attendent dès aujourd'hui. En bref, très stimulant !

L'ouvrage reprend certains thèmes de la thèse de Jean Baptiste Fressoz « Joyeuse apocalypse, une histoire du risque industriel » parue au seuil en 2012.
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