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Critique de AMR_La_Pirate


Roman surprenant de Philippe Frot, au titre injonctif, Larguez les amarres, ce livre très court se lit en une journée, puis se digère, et se garde en mémoire, comme un drôle de petit caillou qui gêne un peu dans la chaussure ou qui gratte sous une porte, vous voyez ce que je veux dire ? Non ! Bon, je vous explique…

Ça commence fort, c'est même violent… C'est écrit au présent, une écriture virile. Personnellement je comprends pourquoi Faustine est partie : le présent de cette vie entre boulot et dodo n'était plus vivable. Philippe Frot nous balance en pleine figure une réalité, un constat.
Une rapide biographie à la fin du volume nous apprend que l'auteur a aussi été boxeur : pas de soucis, un uppercut ou deux, un direct et je suis KO… Pas assez cependant pour ne pas me rendre compte que bien que la même action continue, la narration passe du présent à l'imparfait de narration… Plus tard, je lirai même des imparfaits du subjonctif, un délice…
Mais revenons à ma posture de lectrice un peu sonnée par la brutalité première de l'écriture (je ne suis pas la seule à en avoir pris plein la g…, mais je ne raconte jamais les livres que je chronique) : les premières pages sont en fait une longue didascalie qui plante le décor. J'ai compris, je suis du voyage.

Larguez les amarres, c'est une fuite, puis ce sont des rencontres, des gens qui se croisent, se regardent, se parlent, se font confiance, s'aiment… C'est improbable et pourtant plausible car il suffit juste de franchir un pas, de suivre une intuition pour que le lien se noue et perdure… C'est une prise de distance qui reste connectée avec le monde, qui en élimine les servitudes et en garde le meilleur.
Larguez les amarres, c'est une maison bleue, adossée à la colline… enfin « une jolie maison, toute bleue […] la maison de Maxime le Forestier, en référence à l'une des plus belles chansons de cet artiste ». En fait, ce livre est aussi une chanson, en quelque sorte… mais pas celle-là. Et il y a des tipis là-haut sur la montagne.
Larguez les amarres, c'est la référence à un écrivain, parolier, traducteur dont je n'avais jamais entendu parler, Philippe Djian (je connais cependant certains de ces titres sans les avoir lus… Ben oui ! j'ai fait quelques recherches…). Ah, j'oubliais, depuis que j'ai refermé ce livre, j'écoute Yves Jamait en boucle…
Larguez les amarres, c'est la quête d'un équilibre, c'est l'avènement d'un art et d'une littérature qui n'obéissent pas aux lois mercantiles, c'est une mise en abyme de l'écriture, la lecture du livre en train de s'écrire… et c'est assez bien écrit entre oralité maladroite, sensualité et poésie pure.

Un petit bémol cependant : avec Philippe Frot, on largue les amarres mais on fume beaucoup, trop à mon goût et pas que du tabac : j'en tousse encore et les yeux me picotent… On boit aussi, pas mal… Pour moi, l'ambiance baba cool est trop poussée, un côté « too much » un peu dommageable.

Roman surprenant de Philippe Frot, au titre injonctif, Larguez les amarres, ce livre très court se lit en une journée, puis se digère, et se garde en mémoire, comme un drôle de petit caillou qui gêne un peu dans la chaussure ou qui gratte sous une porte, vous voyez ce que je veux dire ? Non ! Bon, je vous explique… en fait, je crois bien que c'est une petite pépite… Lisez.
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