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Critique de Malaura


Deux nouvelles marquées du sceau de l'étrange et tirées du recueil « En inquiétante compagnie » par l'un des plus célèbres représentants de la littérature mexicaine, Carlos Fuentes.

Dans « En bonne compagnie », le jeune parisien Alejandro de la Guardia, part pour Mexico après le décès de sa mère, retrouver deux vieilles tantes fortunées. « le Mexique, les tantes, la fortune. Voilà l'horizon qui le tentait ». Mais sur place Alejandro se rend compte que les deux vieilles dames sont vraiment très particulières…Les deux soeurs ne sortent jamais de leur demeure, ne s'adressent plus la parole et, pour ne jamais avoir à se croiser, se partagent en un temps très règlementé les parties communes de l'habitation, le matin pour Zenaida et le soir pour Serena. Dès son arrivée, Alejandro apprend qu'il ne devra jamais emprunter l'entrée principale pour gagner l'extérieur, afin que nul ne sache si les deux soeurs sont mortes ou vivantes…Au fil des jours, Alejandro se sent de plus en plus oppressé et mal à l'aise dans la vieille demeure. Cauchemars, hallucinations, incidents troublants le tourmentent jusqu'à l'obsession tandis que les vieilles tantes adoptent un comportement de plus en plus étrange et inquiétant. Quel mystère cachent-elles ? Quel secret morbide abritent-elles ?...

Dans « La chatte de ma mère », c'est Leticia Lizardi qui voit sa morne existence bouleversée par la rencontre d'un bel éphèbe brun, aussi charmeur que diabolique. A 35 ans, d'un caractère effacé et réservé, Leticia Lizardi vit auprès d'une mère bigote, imbue de sa créolité, tyrannique et odieuse, dont le passe-temps favori est de maltraiter verbalement sa servante noire Lupe en caressant Estrallita, sa chatte blanche, seul être vivant auquel elle porte un tant soit peu d'affection. Pour Leticia, les jours s'écoulent ainsi, moroses et ternes, dans l'attente où, à la mort de sa mère, elle touchera sa part d'héritage. L'arrivée fortuite de Florencio Corona dans son existence, sonne le glas de sa vie de vieille fille. Beau comme un Adonis, paré de toutes les qualités du Prince Charmant, Florencio incarne l'homme idéal dont toutes les femmes rêvent, généreux, gentil, intelligent…hum ! Trop beau pour être vrai, cet homme-là ! Et en effet, bientôt, d'étranges incidents se produisent. C'est d'abord la disparition de Lupe la servante, puis la mort brutale de Doña Emerita la mère, puis des rats qui envahissent la demeure, enfin un Prince Charmant qui se transforme en monstre poilu….N'y aurait-il pas quelque diablerie dans cette histoire ?...

Deux histoires au parfum d'insolite dans lesquelles Carlos Fuentes fait jaillir un fantastique inquiétant au sein d'une réalité bien installée, au départ banale et sans surprise.
Pour Alejandro et Leticia, comme pour le lecteur, la sensation d'angoisse s'installe peu à peu, montant crescendo en se doublant d'un sentiment d'incompréhension et de la certitude d'un danger imminent impossible à cerner, insaisissable et inexplicable.
Fantômes et revenants hantent ces contes gothiques où plane l'ombre maléfique de la damnation éternelle en représailles des erreurs commises par la famille ou en expiation des crimes historiques perpétrés par le passé.
Obsession, cauchemar et mort peuplent ces deux nouvelles de l'étrange où la frontière entre monde des vivants et autre-monde, aussi ténue qu'un voile de brume, crée un climat trouble et menaçant suscitant une attente et une curiosité dont la finalité n'est toutefois pas entièrement satisfaisante mais permet néanmoins d'appréhender une partie de l'univers fantaisiste de l'auteur mexicain. Un univers foisonnant où le bizarre est roi et se nourrit aussi bien d'évènements historiques, de mythes et légendes ou de la cité labyrinthique de Mexico.
Au final deux petites nouvelles agréables mais peut-être pas complètement révélatrices du talent du grand écrivain mexicain maintes fois primés, auteur de récits, d'essais et de très grands romans comme « La mort d'Artemio Cruz » ou « Terra Nostra ».
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