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Critique de babel95


L'action se situe au Japon, de nos jours.

Le jeune Gorô Idekuzi se connecte à un site hautement sécurisé pour communiquer à son supérieur à la Brigade spéciale d'investigation de l'Antigang, Masuru Anai.
Il tape un rapport d'activité dans lequel il décrit dans quelles conditions il vient de traiter le cas Shûzô Kina, membre de la fédération Washô. Il précise les noms et les fonctions des personnes qu'il a rencontrées, mais surtout, où elles viennent d'être enterrées. Car Idekuzi n'est pas un policier comme les autres : c'est un policier d'élite infiltré depuis quatre ans dans un gang de yakuzas, le gang Kôzu. Sa mission a exigé de lui de changer de nom, de visage. Mais surtout d'effectuer les missions difficiles des yakuzas, avec son partenaire Hideki Murooka, le tueur numéro un du gang Kôzu. Si en temps ordinaire la vie d'un yakuza n'a rien d'un long fleuve tranquille, que dire lorsque s'ouvre une période de guerre de gangs ?

Je suis fascinée par le Japon et sa culture. Les Chiens de l'enfer, roman policier japonais d'Akio Fukamachi, me promettait une immersion au sein du monde très fermé des yakuzas. Il dépeint l'atmosphère ultra-violente qui règne au sein des clans. En effet, la violence est omniprésente, quelquefois gratuite. Lors des combats, les yakuzas ne disposent pas d'armes au sens classique, ils combattent en général à mains nues ou en utilisant toutes sortes d'objets détournés de leur fonction initiale – il s'agit de donner la mort. Les traques, les enlèvements d'hommes, de femmes voire d'un enfant, les exécutions, m'ont paru insoutenables.

Dès le départ le lecteur sait que Katenaka est infiltré se demande ce qui va se passer lorsqu'il sera démasqué… Mais rien ne se passe comme prévu, c'est bien l'art d'Akio Fukamachi de nous lancer sur des fausses pistes…

Il me semble que l'un des intérêts du roman réside dans l'analyse psychologique de Katenaka, qui peu à peu prend conscience du prix à payer pour l'accomplissement de sa mission au demeurant totalement illégale. Comment peut- on supporter l'accumulation d'une telle violence qui le révulse à tel point qu'il vomit, prend des médicaments pour "tenir" jour après jour ? Pourra-t-il redevenir un policier comme les autres ? Restera-t-il à jamais prisonnier de son personnage de yakuza, de ses tatouages, de sa mémoire qui refuse d'effacer les visages des hommes et de la femme qu'il a tué de ses mains, de sa conscience qui commence à le tarauder ?

De ce roman, je garderai en mémoire les visages fatigués et inquiets de Gorô Idezuki et de Noriko Kinugasa, la masseuse âgée qui l'aide et sert d'agent de liaison, alors qu'ils vont finalement affronter leur destin. Leur questionnement aussi.

Gorô se dépeint comme un chien enragé qui a envoyé en enfer amis et ennemis, mais qui a toujours eu la liberté d'agir. Mais quelle est cette liberté ?
Un roman au final époustouflant.
La traduction de Jacques Lalloz me semble particulièrement bien rendre en français le texte original, et j'ai hâte de découvrir le manga tiré de ce roman.
Je remercie Masse Critique, de Babelio et les Ateliers Akatombo (en japonais : la libellule rouge), de m'avoir adressé Les chiens de l'enfer, d'Akio Fukamachi pour en faire la critique.

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