AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Butylphenyl


Il est des livres que l'on a autant de mal à ouvrir qu'à fermer.

À ouvrir car la première de couverture, fruit d'un accouplement raté entre Dalí et Bonnard (vous ne trouvez pas ?) rebute et que le sujet quant à lui assomme. Qui en effet garde un souvenir palpitant de ses cours de philosophie ? Attention, scoop : pas moi.

À fermer car une lecture commune (j'en profite pour remercier mille fois encore Tomisika qui en est à l'origine) et un zeste de sado-masochisme plus tard, force m'est de constater que le monde de Sophie est un livre formidable et surtout, que la philosophie peut s'avérer passionnante.

Jostein Gaarder réussit l'impensable avec ce livre : vulgariser la discipline sinon la plus complexe, du moins la plus inaccessible. En trente-cinq chapitres, il condense la pensée occidentale – d'où certains oublis malencontreux (Machiavel, Husserl, pour ne citer qu'eux) mais pas préjudiciables pour autant puisqu'il ne prétend pas être exhaustif – et retrace l'histoire de la philosophie de façon linéaire.

De Platon à Hegel, en passant par Berkeley, Gaarder s'emploie à autopsier les différents courants philosophiques de l'Histoire et étaye ses explications avec des exemples concrets et on ne peut plus ingénieux : la théorie de l'atome de Démocrite est par exemple assimilée aux Lego. L'atome, tout comme le Lego est en effet indivisible et peut se combiner à d'autres pour former un objet ou une personne.

Le monde de Sophie ne traite toutefois pas uniquement de philosophie. Gaarder y évoque aussi les découvertes scientifiques les plus incontournables et les mouvements sociaux les plus déterminants. Sa force est de proposer un éclaircissement toujours plus fluide et ludique et, par conséquent, de rendre la philosophie moins rébarbative qu'elle ne l'est ou du moins qu'elle ne semble l'être – d'où le fait, selon moi, que le livre séduise davantage les hermétiques que les experts.

Hermétiques qui sont véritablement choyés puisqu'on n'assiste pas uniquement à des tergiversations philosophiques dans ce livre, ce qui aurait été indigeste à la longue, mais que l'on suit également l'éveil philosophique de Sophie. L'intrigue est astucieuse car elle installe un insatiable suspense dès les premières pages : qui est donc le mystérieux correspondant de Sophie ? Pourquoi lui écrit-il ? Et bien d'autres interrogations que je dois taire pour ne pas vous révéler la suite qui est, croyez-moi, pleine de rebondissements.

Finalement, le monde de Sophie est avant tout le récit d'une quête initiatique. Celle de Sophie bien sûr, qui ouvre peu à peu les yeux sur le monde qui l'entoure mais aussi et surtout la nôtre. C'est d'ailleurs là la vraie réussite du livre selon moi (et le but intrinsèque de la philosophie) : parvenir à nous faire nous interroger, au fil des chapitres, sur le principe même de l'existence, sur l'univers qui nous englobe, sur autrui, sur nous-mêmes enfin.

Que cet ouvrage hautement instructif soit devenu une référence dans les lycées, ait connu un succès grandiloquent en librairie puis soit devenu un best-seller au Danemark et en Allemagne ? Rien de plus étonnant ! Historique, ludique et loufoque, le monde de Sophie est l'ouvrage idéal pour acquérir les bases de la philosophie.

En résumé, un voyage didactique à mi chemin entre l'essai philosophique et la fiction romanesque dont l'objectif (initier les néophytes à l'exercice de la pensée) est parfaitement maîtrisé et qui saura assurément convertir les esprits plus récalcitrants.

Plus de détails (mes rubriques "n'hésitez pas si ; fuyez si ; le petit plus ; le conseil (in)utile, en savoir plus sur l'auteur") en cliquant sur le lien ci-dessous.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
Commenter  J’apprécie          661



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}