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Critique de BazaR


BazaR
20 septembre 2016
Mathieu Gabella et Paolo Martinello nous offrent une biographie dessinée de Catherine de Médicis exceptionnelle.

Ils évitent l'écueil de l'exhaustivité historique, préférant un découpage cinématographique très théâtral qui porte le fait essentiel et surtout l'émotion. Quelques cases suffisent pour cerner l'enfance difficile, prisonnière ou otage, de la grande dame, qui lui forgera le caractère. Quelques lignes suffisent à démontrer la frustration des premières années à la cour de France, délaissée dans l'ombre de la favorite Diane de Poitiers, puis abattue par la mort accidentelle de son époux Henri II, décoiffée et pleurant. Catherine était un être humain.

Elle devient alors ce roc contre lequel ses fils viendront s'amarrer pour survivre à ces temps de tempête religieuse. Elle cherche le compromis là où chaque camp ne songe qu'à égorger l'autre. Elle louvoie, favorise l'un puis l'autre et est détestée par l'autre puis l'un. Les auteurs nous font bien ressentir la lourdeur du fardeau. Parfois ils placent l'évènement historique dans la prédiction d'un astrologue, pour bien appuyer sur cette facette de la personnalité de Catherine.

Puis vient le génocide, le massacre des huguenots lors de la Saint Barthélémy, d'abord à Paris puis dans la France entière. Catherine, dans la BD, en accepte la responsabilité — la pire décision de sa vie. Les auteurs passent outre : bousculée par la haine des catholiques parisiens, quel choix avait-elle ? Décider autrement aurait peut-être signifié la fin de la dynastie, la victoire à terme de l'extrémisme catholique porté par les Guise. Impensable ! Et Catherine n'avait pas du tout calculé l'emportement de haine qui souleva la foule. Les scènes de tuerie sont dures à regarder ; la dépression de Catherine l'est également.
Mais elle se relève.

Les dix-sept dernières années sont survolées, comme sur le sillage du massacre. Après la force de ce moment, que reste-t-il à dire ? Lui porter hommage. Peu de gens ont fait preuve dans l'Histoire d'une telle force de caractère. Et reconnaître que la postérité ne la sauva pas. Au contraire, elle lui offrit une place de choix parmi les êtres les plus retors et abjects de tous les temps ; une légende noire et persistante qu'Alexandre Dumas sublimera.

C'est éblouissant. J'applaudis le travail des auteurs et tire aussi mon chapeau à l'historien Renaud Villard qui, par son dossier, vient compléter par les faits ce récit si vivant et bouleversant.

Je ne peux que vous conseiller de lire cette BD.
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