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Critique de gerardmuller


L'affaire Lerouge / Émile Gaboriau (1832-1873)
« le jeudi 6 mars 1862, cinq femmes du village de la Jonchère se présentaient au bureau de police de Bougival. Elles racontaient que depuis deux jours personne n'avait aperçu une de leurs voisines, la veuve Lerouge, qui habitait seule une maisonnette isolée. »
Ainsi commence ce roman d'Émile Gaboriau qui d'entrée vous prend et vous captive.
La Jonchère est un petit hameau qui domine la Seine non loin de Bougival où se trouve le commissariat de police. Prévenu, le commissaire se rend sur les lieux pour trouver la chaumière porte close. C'est dans le fossé que la clé est retrouvée par un gamin. L'intérieur est retrouvé sens dessus dessous, les meubles forcés et défoncés. C'est près de la cheminée, la face dans les cendres que gît le cadavre de la veuve Lerouge. le commissaire estime que la mort remonte à trente-six heures et rédige un procès-verbal qu'il fait remettre au juge d'instruction.
La veuve Lerouge était mal connue car étrangère au pays. C'est deux ans plus tôt qu'elle était arrivée à Bougival à la recherche d'une maison qu'elle trouva et loua. Âgée de cinquante-cinq ans, elle était en bonne santé pour ce que l'on savait. Elle ne connaissait personne en ces lieux et parlait peu sauf pour exprimer des propos souvent choquants. Les gens, qui ne l'aimaient pas beaucoup, avaient remarqué qu'elle était coquette et elle aurait confié à la laitière qu'elle avait été malheureuse en ménage. Elle passait pour riche sans être avare. Il lui arrivait souvent de donner une pièce. Très défiante, elle se barricadait chez elle comme dans une forteresse.
C'est le juge Daburon, trente-huit ans, à la brillante réputation, qui est chargé de l'instruction. Aidé du chef de la police de sûreté le célèbre Gévrol, il peut compter sur la mémoire étonnante des physionomies de celui-ci. Gévrol est aidé d'un ancien repris de justice réconcilié avec les lois nommé Lecoq, un homme habile et perspicace.
Interrogatoire de témoins qui l'ont vue pour la dernière fois, recherche sur les fréquentations de la veuve, tout est passé au peigne fin. Il semble de prime abord que le vol a été le mobile du crime : l'argenterie et des bijoux ont été dérobés. Cependant les enquêteurs ne trouvent pas le plus faible indice pouvant servir de point de départ.
À force de chercher, le commissaire Gévrol apprend d'un petit garçon qu'un inconnu avec des boucles d'oreilles et descendant d'un bateau à Bougival a été vu non loin de la Jonchère ce dimanche matin. Il voit là une piste intéressante.
Appel est fait à un certain père Tabaret surnommé Tirauclair, ancien policier qui a un don pour trouver des indices. Rapidement il précise, après quelques investigations, que le vol n'est pour rien dans ce crime. Et il expose à Lecoq et Daburon le scénario probable selon lui.
le père Tabaret a retenu les paroles rapportées par la laitière qui bavardait souvent avec la veuve qui disait volontiers que «si elle voulait davantage, elle l'aurait. » Tabaret pense que la veuve cachait un secret. Et il se construit différents scénarios. Il apprend par ailleurs que Claudine Lerouge, trente ans auparavant, a été la domestique d'un certain comte de Commarin. Lequel avait une maîtresse en la personne de Valéry Gerdy avec qui il eut un fils bâtard. Il avait déjà un tout jeune fils avec sa légitime. Étant éperdument amoureux de Valéry, le comte organisa l'échange des enfants, ses deux fils. Une organisation machiavélique. Pour le juge, la piste semble simple : un des deux fils, devenu adulte a tué la veuve Lerouge.
Une très longue enquête s'en suit avec des rebondissements et des coups de théâtre.
D'abord publié en feuilleton en 1863 dans le journal le Pays, où il passa inaperçu, ce roman est repris en 1866 par le journal le Soleil et remporte un immense succès. Il est considéré comme le premier roman policier moderne. le style en est moderne et facile, et les personnages sont bien campés avec de forte personnalité.
En résumé un bon moment de lecture en soupçonnant tour à tour l'un et l'autre.





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