Elle se prépara psychologiquement à trouver du crachat ou de la morve dans sa nourriture mais ce fut tout autre chose.
Une vision de cauchemar, le type était couvert de cicatrices. Tout son visage n’était qu’un ersatz de face humaine [...] Une face de mort, une promesse de souffrances atroces. En parlant de souffrances, sa brûlure était en train de la consumer de l'intérieur. Elle aurait donné n’importe quoi pour que la douleur s’arrête, c’était atroce, inhumain. Elle était même prête à tout abandonner et se laisser mourir là, sur le sol, pourvu qu’elle ne ressente plus rien. Un désespoir profond s’empara d’elle. Ensuite, le visage grimaçant du dingue aux cicatrices refit surface dans son esprit.
- Au fait, nous avons gardé votre bagage. Je suppose que vous n’en avez pas vraiment besoin, vu ce qu’il contient.
Cette phrase était bourrée de sous-entendus et Chris les reçut en pleine face. Elle se sentait rougir et un sentiment de honte l’envahit. Que pouvaient-ils penser d’elle ? Elle alla une nouvelle fois au plus profond d’elle-même et verrouilla la porte de la honte, pour ne plus jamais devoir la rouvrir.
Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être. Enfermée dans cet endroit obscur et froid, les secondes semblaient des minutes et les minutes des heures. Le temps s’étirait avec une lenteur insupportable. Comme le fil invisible par lequel l'araignée descend sournoisement pour sauter sur sa proie.