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Critique de talou61


La vraie féministe du XVIIIe siècle.

Merci à Olivier Ritz d'avoir sorti ces écrits de l'oubli !

Un roman "La Femme grenadier" tout d'abord : une nouvelle historique qui raconte l'histoire d'une marquise dans les armées révolutionnaires en 1793.
Et un essai où Jeanne Gacon développe la question de l'instruction des femmes : un thème cher à Jeanne.


Qui est donc cette Marie Armande Jeanne Gacon-Dufour ?

Née en 1753, fille d'un concierge d'hôtel parisien appartenant à un très riche marquis.
Mariée en 1775, elle perd ses terres lors d'un procès.
Elle vit alors à la campagne, séparée de son mari.
Elle commence à écrire en 1787 : des romans, des mémoires pour le sexe féminin.
Pendant la Révolution, elle vit près de Paris et collabore à la rédaction de journaux spécialisés dans l'économie rurale.
Elle est amie avec Sylvain Maréchal (écrivain, poète et pamphlétaire français. Militant républicain, rédacteur du "Manifeste des Egaux" en 1796 et ami de Babeuf).
En 1793, elle divorce et épouse Michel Dufour, un avocat.
Elle publie la femme grenadier en 1801.
Elle écrit des romans, des essais, des ouvrages historiques et des ouvrages pratiques.


Revenons aux textes présentés dans cet opuscule :

- La femme grenadier est une nouvelle historique, forme héritée du 17e siècle qui développe des intrigues sentimentales dans un contexte historique.

Hortense, jeune marquise de 17 ans, après avoir perdu tous ses biens (comme Jeanne), devient soldat et rejoint l'unité d'élite de l'armée.

Ce roman est le roman de formation d'une jeune femme, de son évolution vers l'indépendance : elle devient chef de famille et acquiert des connaissances pour acquérir son autonomie.

C'est un véritable roman féministe, osé en 1801, où Napoléon veut conserver les femmes dans leur infériorité.

L'auteure parle de la Révolution et présente le député Philippeaux, un indulgent proche de Danton, qu'elle estime.
C'est aussi l'occasion pour l'autrice de parsemer son récit de réflexions sur la vie, le malheur, le bonheur...

Ce n'est pas une guerre contre les hommes (comme de Gouges...), mais un beau roman, dont j'ai regretté que les batailles ne concernent que quelques pages à la fin du récit.

- le deuxième texte est un essai, publié aussi en 1801, "Contre le projet de loi S°°° M°°° portant défense d'apprendre à lire aux femmes" :

Plutôt qu'une réponse au projet de loi de Sylvain Maréchal, il pourrait s'agir d'une provocation et une partie d'une opération de publication de la part des deux auteurs, de connivence.

Jeanne y développe ses idées sur la nécessaire et indispensable besoin de former des femmes dans un temps où leur éduction est délaissée par les pouvoirs.,

L'instruction des femmes est utile pour elles-mêmes comme pour la société.

Pour Jeanne, ce sont les conditions d'existence et les occupations quotidiennes qui ont une influence morale déterminante. Les livres sont utiles quand ils apprennent à observer le monde et agir sur celui-ci.


Au final, une superbe découverte !

Des écrits faciles à lire et très instructifs.
Un style clair, et non dénoué d'un certain humour !

Gavés des écrits d'Olympe de Gouges, il vaut mieux lire Jeanne Gacon-Dufour : une véritable féministe au 18e et 19e siècle.
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