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Critique de domi_troizarsouilles


Je remercie une fois encore Mo Gadarr de m'avoir fait parvenir son nouveau livre – et je suis sincèrement désolée de publier mon avis si tard ! c'est que j'ai terminé ma lecture tout début août, or nous voilà déjà un mois plus tard ! La bonne excuse : avec le congé d'été des enfants, qui implique certes une riche vie en famille, mais aussi un énorme manque de disponibilité pour mes activités propres, dont la rédaction des chroniques de mes lectures, je n'ai plus rien écrit depuis plusieurs semaines. Heureusement, j'avais eu l'idée de me noter un avis bref dès la fin de ma lecture ; ainsi, même si bien des détails se sont désormais estompés, j'ai une trace de mon premier ressenti, que je peux essayer de retranscrire malgré le temps passé.

Ceux et celles qui me connaissent le savent : depuis ma découverte de « T'as qu'à maigrir », que j'avais adoré (certainement le tome 1), je suis l'autrice avec plaisir – ce n'est pas pour rien que j'ai postulé pour devenir l'une de ses lectrices « privilégiées » ! Tout ne m'a pas emballée au même niveau depuis lors, mais je reste fan de sa plume fluide et agréable. Ici, non seulement elle déploie tout son talent avec brio, mais en plus, j'ai tout particulièrement apprécié le fait qu'elle se soit complètement renouvelée, en s'attaquant à un sous-genre de la romance relativement peu exploité (du moins, à ce que je sais…) : une romance policière, teintée d'un évident érotisme parfaitement maîtrisé. Pourtant, j'étais public difficile à la base : c'est que je lis beaucoup moins de romances qu'à une époque, au profit des polars et autres thrillers, l'un de mes genres de prédilection depuis bien longtemps ! Or, avec cette romance policière, Mo Gadarr m'a tout à fait convaincue !

On est dans une romance de type « ennemies to lover », et la construction de cet aspect de l'intrigue est définitivement classique – ce qui n'est pas un reproche, mais clairement, ce n'est pas là que Mo Gadarr a voulu se démarquer. Ainsi, Will Hunter, le benjamin d'une famille de 4 garçons, tous flics de père en fils, croit s'être épanoui dans son côté rebelle, ayant choisi et assumant une vie à l'opposé des autres membres de sa famille : il rêve de devenir patron de la boîte de nuit dont il est déjà gérant, il enfile les nuits cocaïnées et autres mauvais plans, etc. Cependant, lors d'un repas de famille (où ses frasques montrent à quel point il veut s'afficher différent de son père ou de ses frères, envers qui il semble n'éprouver que des sentiments négatifs), il croise le chemin, de façon très électrique, d'une certaine Ranza. Cette jeune femme, orpheline comme lui (Will a perdu sa mère très jeune), recueillie par un oncle et une tante qui ne sont pas tout à fait ravis de cet état des choses, s'épanouit quant à elle dans la cuisine, mais se heurte sans cesse au refus de son oncle, traiteur, de laisser s'exprimer son talent. Hélas, oncle et tante décident de rentrer « au pays » (on l'a compris : au Mexique, d'ailleurs Ranza, de son vrai nom Esperanza, restera caractérisée par son accent assez marqué tout au long du livre), elle se retrouve seule à devoir gérer sa petite soeur encore lycéenne et, n'ayant plus les moyens d'assurer l'entreprise de son oncle, elle n'a d'autre choix que de trouver un autre emploi rapidement. Elle répond ainsi rapidement à une annonce pour une pole-danseuse dans une boîte de nuit (car elle a aussi ce talent caché, dont l'origine n'est jamais tout à fait expliquée : on sait qu'elle a exercé un tel métier dans des bars lugubres au Mexique autrefois, mais pourquoi et comment a-t-elle appris à danser, jusqu'à être l'une des meilleures, alors que sa seule passion affichée est la cuisine : mystère, ou alors j'ai loupé quelque chose…). Et, vous l'avez deviné : elle se retrouve ainsi face à Will, qui décide cependant de l'embaucher, car vraiment elle est la meilleure.

Eh oui : ce sont des personnages stéréotypés à souhait, le bad boy encore adulescent qui se rebelle contre sa famille de flics, et la jolie Mexicaine aux multiples talents qui va lui tenir tête… mais ils sont tellement bien travaillés tout au long de l'histoire, avec çà et là un flash-back utile à la compréhension des réactions de chacun, ou ces petites scènes du quotidien, chacun de son côté, qui disent tellement qui ils sont réellement, que « ça marche » ! En effet, nombre d'autres romances « ennemies to lovers » m'ont ennuyée, car la relation « ennemies » semble si souvent très artificielle, comme créée exprès pour qu'il y ait une histoire à raconter. Au contraire, ici, les personnages sont tellement humanisés qu'on y croit tout à fait : la souffrance de Will dans ses souvenirs après la mort de sa mère, par exemple, fait vibrer, comme la passion de Ranza pour la cuisine ou son souci constant de tout faire pour que sa petite soeur ait le meilleur avenir possible, le tout avec un caractère fort et des réactions qui font sourire, la rendent très attachante ; dès lors, la relation explosive entre les deux fonctionne et, même si on devine que ça va bien finir (il n'y a aucun mystère sur ce point), on est attentifs aux rebondissements et on y croit !

En parlant de rebondissements : l'autrice a su créer une tension de type polar qui monte crescendo, avec cette boîte de nuit pas très catholique ; l'héritier des patrons, un type vaguement mafieux qui veut être calife à la place du calife (et certainement à la place de Will) sous des dehors d'une politesse exagérée ; la relation de ce bellâtre avec Ranza, qui met le lecteur mal à l'aise, sentiment amplifié par le fait que Ranza s'imagine quant à elle avoir trouvé le prince charmant alors qu'on devine/sait qu'il n'en est rien (mais on ne sait pas encore jusqu'à quel point on aura raison ! mais chut, c'est du spoil !) ; ou encore les relations de Will avec sa famille ; son obsession à cacher le fait qu'il est fils et frère de flics, etc. C'est une tension parfaitement exploitée et qui ne se dément jamais, dont je ne dirai aucun détail car ce serait divulgâcher, mais en tout cas, on frémit réellement pour nos protagonistes, on tourne les pages pour voir comment ils vont se sortir de telle ou telle situation tendue, et Mo Gadarr ne nous épargne pas l'une ou l'autre scène vraiment dure, si bien que le coeur du lecteur habitué, sans doute, à des romances plus soft, est embarqué dans un train de montagnes russes… pour son plus grand plaisir !

Enfin, j'ai envie de dire « last but not least », on est ici dans de la new romance, ce qui implique la présence de quelques scènes érotiques. J'ai déjà lu un certain nombre de romances de cette tendance, si bien que ce n'était pas inattendu (j'ai d'ailleurs été étonnée de lire certains commentaires qui mettaient en garde face à ce fait, alors que c'est juste « normal » dans ce sous-genre moderne de la littérature sentimentale).
Tout cela pour dire que ces quelques scènes-là sonnent terriblement juste, comme si elles étaient un véritable prolongement de cet amour véritable qui s'installe peu à peu entre nos deux protagonistes : je peux dire sans aucune hésitation que, dans la littérature plus ou moins érotique que j'ai déjà parcourue, les scènes de ce livre-ci sont parmi les plus belles que j'aie jamais lues. le plume de Mo Gadarr est ici au sommet de son talent (et on espère qu'elle y restera encore longtemps !) : chapeau !

Bref, je ne peux que vous conseiller de découvrir cette romance « ennemies to lover » à la construction classique mais tout à fait crédible (ce n'est pas toujours le cas), et c'est aussi une romance policière où une tension de type polar est parfaitement exploitée et ne se dément jamais, portée par tout le talent de l'autrice. Ajoutons à ça, comme je viens de dire, quelques scènes érotiques toutes empreintes d'un véritable amour, qui comptent parmi les plus belles que j'aie jamais lues dans ce type de littérature : bravo !
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