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Critique de 5Arabella


Ce livre, je répugne presque à parler de roman, tant il est difficile à définir, est impossible à résumer. Les personnages se meuvent dans un pays imaginaire de l'Amérique du Sud, le Madragal. Au centre de la narration se trouve Gonzalo Pirobutirro d'Eltino,une sorte de Don Quichotte, mais sans l'idéalisme et la poésie de ce dernier. Il vit avec sa mère dans une villa, dans une sorte de misère décente, et semble d'après le propos général, sombrer progressivement dans la folie.

Le livre se contente en fait de brosser des portraits de personnages à différents moments, éventuellement à raconter des anecdotes isolées, difficile de parler d'une intrigue continue. Mais le livre est resté inachevé, même s'il semble qu'il ne manquait pas beaucoup de pages pour qu'il soit fini, et il se clôt sur un meurtre, qui reste du coup inexpliqué, même si une hypothèse vraisemblable traverse forcement l'esprit de tout lecteur.

Il semblerait que Gadda ait mis beaucoup de lui-même dans le personnage de Gonzalo: comme lui il est ingénieur, alors qu'il aurait préféré se consacrer à la philosophie, son frère aîné et préféré de sa mère est mort à la guerre, il y a aussi cette villa à laquelle la mère est très attachée, elle a consenti de gros sacrifices pour la garder, alors que le fils l'exècre. La relation mère fils est à mon sens le sujet principal du livre, une sorte de lien très pathogène, source de souffrances et d'égarements, bâtie dès le départ sur une totale incompréhension de l'autre, comme s'il s'agissait de deux représentants d'espèces différentes, vivants dans des mondes totalement coupés l'un de l'autre.

Mais au delà des thèmes abordés dans le livre, ce qui est le plus essentiel, le plus original, le plus fort, c'est l'écriture de Gadda. Une écriture baroque, on pourrait presque dire que cet adjectif n'a jamais été aussi justement employé que pour définir cette écriture-là, mais aussi grotesque et grinçante. Une écriture pétrie de culture et de références, littéraires, philosophiques, concernant aussi la mythologie étrusque, truffée de mots précieux et rares. Une sorte de poussée de lave impossible à arrêter, qui semble surgir et se répandre dans tous les sens.

Pour résumer, il s'agit d'une expérience de lecture forte, rappelant pour moi, les impressions que j'ai pu ressentir à lire Ulysse de Joyce, ou peut être encore plus L'homme sans qualités de Musil, mais une expérience exigeante, qui demande de l'attention et une très concentration, à l'opposé d'une distraction facile et agréable.
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