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Critique de Tricape


L'invitation chez les Stirl (prononcez "Steurl") ne porte pas l'étiquette "roman", mais l'auteur, décédé en 1956, a pris la précaution de préciser dans une note introductive "que tout ici est invention pure", tout en plaçant le cadre de son récit dans une ville thermale bien réelle des Basses-Pyrénées. Il ajoute que son "ambition est de composer un ouvrage où ce qui compte est tout ce qui n'est pas dit". En quelque sorte, il rejoint Flaubert et son rêve d'écrire un roman dans lequel il ne se passe rien.

de ce point de vue, c'est presque gagné : deux personnages principaux, deux secondaires et un événement fortuit, voilà toutes les composantes avec lesquelles Paul Gadenne nous fait partager un séjour dans une villa démesurée et encombrée de vieilles vieilleries.

Olivier est invité par Mme Stirl à venir séjourner chez elle et son mari d'origine irlandaise. On ne sait pas d'où vient Olivier ni quoi que ce soit de sa probable relation antécédente avec Mme Stirl. Cette dernière, en contradiction apparente avec l'invitation qu'elle lui avait adressée, pose une sorte de barrière entre elle et son invité. La dite barrière est au moins double : d'abord deux énormes chiens menaçants, mais surtout le regard de Mme Stirl dont les yeux métalliques mettent mal à l'aise Olivier. Ce dernier n'a pas moyen de placer un mot : Madame parle et s'agite sans cesse. Lorsque, enfin, s'ouvre l'opportunité d'un rapprochement, Madame s'éloigne. Olivier parviendra à maîtriser les chiens, mais leur maîtresse lui échappera sans cesse.

Tout au long du récit, l'invité devient la victime. Piégé dans le malaise grandissant du non-dit, prisonnier de son éducation (il ne s'enfuit pas peut-être par politesse, à moins que ce ne soit dans l'attente vaine d'un changement d'attitude de son hôtesse...), Olivier donne l'impression d'être le naïf objet d'une vengeance froidement calculée, mais dont le lecteur et la victime elle-même ignorent la raison.

Confirmé : il ne se passe pas grand chose. Mais le climat tout empreint d'ambiguïté et le style merveilleux donnent à cette lecture un charme très particulier ; en confiserie, ce serait un excellent bonbon sucré avec une pointe d'acidité. Poe n'est pas loin.
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