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Didier Sarrou (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070740161
196 pages
Gallimard (03/03/1995)
3.81/5   24 notes
Résumé :
Invité à séjourner chez les Stirl, Olivier Lérins débarque un beau matin à Barcos-les-Bains, station climatique du Pays Basque. Mme Stirl est une petite femme trépidante, toujours suivie de ses chiens, qui dissimule sous un masque d'indifférence on ne sait quelle inquiétude. M. Stirl est un malade chronique. Dès le début de son séjour, Olivier est déçu. Enfermés dans la grande villa mystérieuse dont de nombreuses pièces sont vouées à l'oubli, ces trois êtres se cher... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vous est-il déjà arrivé d'accepter une invitation puis, une fois arrivé chez vos amis, de vous sentir légèrement importun, pas vraiment le bienvenu ? Ou peut-être, et même plus probablement, vous est-il arrivé, en vous rendant à une invitation, de craindre plus ou moins obscurément quelque chose de similaire. Une ambiance délétère, mais impossible d'en partir sous peine de grave impolitesse. Coincé là, dans le malaise…

C'est en substance ce qui arrive au héros de l'histoire, Olivier Lérins. Les Stirls, de vieux amis à lui, l'invitent depuis deux ans. Cette fois, impossible de se défiler. Ils possèdent une gigantesque maison dans le sud de la France. C'est un couple original, étrange, assez excentrique. le mari est architecte, gagne fort bien sa vie, mais traite son métier avec une certaine légèreté. Un homme impeccablement poli, un fort bon ami. Avec la femme, Edith, sa relation est plus complexe. Une amie, une muse, une confidente, un amour secret peut-être…

Mais à peine arrivé, quelque chose est bizarre. Aucune voiture n'est venue le chercher à la gare. Chaque discussion se transforme en petite bataille. La belle Edith est en permanence accompagnée de deux molosses aussi déchainés que mal dressés, et qui ne laissent aucune place à l'intimité. Intimité qu'elle semble fuir d'ailleurs. Son mari est rarement là. La maison est gigantesque, en grande partie inhabitée, voir même inexplorée. le climat est éprouvant, pluie et vent pour l'essentiel. Toutes les propositions d'excursion d'Olivier sont accueillies évasivement. Etrange séjour…

Paul Gadenne était un écrivain des années 50 aujourd'hui passablement oublié, dont la vie fut courte et passée en grande partie dans les sanatoriums. du peu qu'on en trouve sur Internet, il était connu pour sa capacité à construire des ambiances pesantes en peu de mot. La lecture de ce livre le confirme.
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Si ce n'est pas une oeuvre majeure de Paul Gadenne et que celle-ci comporte bien des maladresses , il n'en reste pas moins que ce court roman , que je qualifierais plutôt de longue nouvelle , possède un charme particulier lié à ce qu'il déclenche dans le lecteur une frustration ....Frustration de ne pouvoir catégoriser ce récit et d'en définir les contours pour passer à une analyse fine , tranchante et décortiquée comme on aime à le faire , pour ensuite reposer le volume sur son rayonnage avec la satisfaction d'avoir avancer et de pouvoir garder en soi une idée précise de la lecture .
Pour L'invitation chez les Stirl , il faudra oublier sa volonté de maitrise et de classement , et accepter de n'en rien dégager de franc .
C'est une sensation de flottement , de nébulosité , de brumes qui s'insinue en nous à la lecture de cette invitation ! On suit les cogitations tortueuses d'Olivier , invité donc chez ce couple d'amis inquiétant dans une maison à l'image de ses propriétaires ; les volets grinces , les palmiers prennent forme humaine presque , la menace s'insinue partout , dans cette vaste demeure en délabrement coupée du reste du monde en apparence . Une curieuse relation s'établit entre les hôtes et leur invité , particulièrement entre Olivier l'invité et la séduisante et terrifiante petite Mme Stirl . Bien évidemment on peut y voir un exemple du triangle amoureux dans toute sa complexité mais Paul Gadenne surcharge le récit d'une approche fantastique elle-même alourdie par un tâtonnement psychologique sans fondement . Mouvance , errance dans l'obscurité d'un objectif d'écrivain inabouti : Je le déconseillerai pour une première lecture de cet écrivain car cet ouvrage n'est en rien représentatif de l'ensemble de son oeuvre .
Et pourtant , en dépit de tout ce que je viens de souligner , j'ai aimé ce roman qui n'est pas sans me rappeler , le tour d'écrou d'henry James ,dans cette atmosphère d'étrangeté et de perversité effrayante des personnages .

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L'invitation chez les Stirl (prononcez "Steurl") ne porte pas l'étiquette "roman", mais l'auteur, décédé en 1956, a pris la précaution de préciser dans une note introductive "que tout ici est invention pure", tout en plaçant le cadre de son récit dans une ville thermale bien réelle des Basses-Pyrénées. Il ajoute que son "ambition est de composer un ouvrage où ce qui compte est tout ce qui n'est pas dit". En quelque sorte, il rejoint Flaubert et son rêve d'écrire un roman dans lequel il ne se passe rien.

de ce point de vue, c'est presque gagné : deux personnages principaux, deux secondaires et un événement fortuit, voilà toutes les composantes avec lesquelles Paul Gadenne nous fait partager un séjour dans une villa démesurée et encombrée de vieilles vieilleries.

Olivier est invité par Mme Stirl à venir séjourner chez elle et son mari d'origine irlandaise. On ne sait pas d'où vient Olivier ni quoi que ce soit de sa probable relation antécédente avec Mme Stirl. Cette dernière, en contradiction apparente avec l'invitation qu'elle lui avait adressée, pose une sorte de barrière entre elle et son invité. La dite barrière est au moins double : d'abord deux énormes chiens menaçants, mais surtout le regard de Mme Stirl dont les yeux métalliques mettent mal à l'aise Olivier. Ce dernier n'a pas moyen de placer un mot : Madame parle et s'agite sans cesse. Lorsque, enfin, s'ouvre l'opportunité d'un rapprochement, Madame s'éloigne. Olivier parviendra à maîtriser les chiens, mais leur maîtresse lui échappera sans cesse.

Tout au long du récit, l'invité devient la victime. Piégé dans le malaise grandissant du non-dit, prisonnier de son éducation (il ne s'enfuit pas peut-être par politesse, à moins que ce ne soit dans l'attente vaine d'un changement d'attitude de son hôtesse...), Olivier donne l'impression d'être le naïf objet d'une vengeance froidement calculée, mais dont le lecteur et la victime elle-même ignorent la raison.

Confirmé : il ne se passe pas grand chose. Mais le climat tout empreint d'ambiguïté et le style merveilleux donnent à cette lecture un charme très particulier ; en confiserie, ce serait un excellent bonbon sucré avec une pointe d'acidité. Poe n'est pas loin.
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Encore un roman tout en non-dits, tout en tension par l'immense Paul Gadenne. Pour sa défense, il annonce la couleur dès la préface: "l'intérêt de ce récit n'est pas là, mais uniquement dans l'ambition que j'ai eue, et que je dévoile sans me faire prier, de composer un ouvrage où ce qui compte est tout ce qui n'est pas dit". Pour l'essentiel cet ouvrage raconte le séjour d'Olivier Lérins dans le domaine des époux Stirl, situé non loin de la bourgade imaginaire de Barcos. M. Stirl est un être effacé, et sa femme, semble avoir un passif important avec Olivier Lérins, mais qui n'est jamais abordé de front. le style est excellent, l'histoire prenante, l'auteur a, à mon sens, parfaitement atteint son ambition.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Issue de la main du temps voici l'âme, dans sa naïveté,
Égoïste et irrésolue, malchanceuse, claudicante,
Incapable d'un mouvement en arrière ou en avant,
Fuyant la chaude réalité, le bien offert,
Reniant l'appel opportun du sang,
Ombre de sa propre ombre, spectre dans sa ténèbre,
Laissant des papiers en désordre dans une salle poussiéreuse...
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Le livre, qui fleurait encore là toile fraîche et le papier neuf, avait dû être condamné sans avoir été beaucoup lu, peut être en vertu d’une irritation devant ses mystères. La couverture semblait assez récente, mais portait des traces circulaires, qui prouvaient avec évidence que l’ouvrage avait au moins servi de support pour une tasse à café avant d’être rejeté aux ténèbres. Un poème se détachait au milieu de la page, à l’endroit où Olivier l’avait ouvert, et les mots y brillaient comme les fragments d’une vérité qui cherche à vous atteindre.

Issues from the hand of the time the simple soul…

Olivier ne comprenait pas parfaitement la langue, et le poème se paraît d’un sens trouble, comme les objets que l’on perçoit à travers l’écran d’un verre dépoli. Mais pour cette raison même, certains mots arrivaient sur lui avec une force neuve, exempts de cette usure qu’un excès de familiarité leur fait subir ; et le poème s’embelliissait d’une sorte de complicité qui en redoublait pour lui la signification.


𝘐𝘴𝘴𝘶𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘮𝘢𝘪𝘯 𝘥𝘶 𝘵𝘦𝘮𝘱𝘴, 𝘷𝘰𝘪𝘤𝘪 𝘭’𝘢̂𝘮𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘢 𝘯𝘢𝘪̈𝘷𝘦𝘵𝘦́,
𝘌́𝘨𝘰𝘪̈𝘴𝘵𝘦 𝘦𝘵 𝘪𝘳𝘳𝘦́𝘴𝘰𝘭𝘶𝘦, 𝘮𝘢𝘭𝘤𝘩𝘢𝘯𝘤𝘦𝘶𝘴𝘦, 𝘤𝘭𝘢𝘶𝘥𝘪𝘤𝘢𝘯𝘵𝘦,
𝘐𝘯𝘤𝘢𝘱𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘥’𝘶𝘯 𝘮𝘰𝘶𝘷𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘯 𝘢𝘳𝘳𝘪𝘦̀𝘳𝘦 𝘰𝘶 𝘦𝘯 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵,
𝘍𝘶𝘺𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘩𝘢𝘶𝘥𝘦 𝘳𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘵𝘦́, 𝘭𝘦 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘰𝘧𝘧𝘦𝘳𝘵,
𝘙𝘦𝘯𝘪𝘢𝘯𝘵 𝘭’𝘢𝘱𝘱𝘦𝘭 𝘰𝘱𝘱𝘰𝘳𝘵𝘶𝘯 𝘥𝘶 𝘴𝘢𝘯𝘨,
𝘖𝘮𝘣𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘳𝘦 𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦, 𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘵𝘦́𝘯𝘦̀𝘣𝘳𝘦,
𝘓𝘢𝘪𝘴𝘴𝘢𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘱𝘪𝘦𝘳𝘴 𝘦𝘯 𝘥𝘦́𝘴𝘰𝘳𝘥𝘳𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘢𝘭𝘭𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘴𝘴𝘪𝘦́𝘳𝘦𝘶𝘴𝘦…

Olivier sentit son cœur battre comme à une rencontre inopinée. Il se répéta, plusieurs fois, les deux derniers vers. Il y a entre les livres et les événements de la vie — comme entre les êtres parfois — des coïncidences magiques.
Sa situation, sa présence au cœur de cette maison, l’existence même qu’il y menait, recevait de cette lecture une sorte d’explication, d’exaltation, de lumière.
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En attendant, le voyageur piaffait d'impatience devant une grille qui refusait de s'ouvrir. En vain avait-il cherché, en examinant les piliers, quelque moyen d'appel. Il avait seulement réussi à découvrir, sous un effondrement de lierre, une inscription où les insectes pondaient leurs oeufs dans les lettres gravées qui composaient le glorieux nom des Stirl. Quelques sons de trompe, arrachés à l'inertie du chauffeur, n'avaient pas donné plus de résultat. Il était aussi vain naturellement de questionner le chauffeur qu'il l'eût été de crier le nom des Stirl, à cent mètres d'une façade qui n'offrait aucun signe de vie. L'homme - un autochtone, porteur d'un béret inamovible, écrasé sur le haut du crâne comme une bouse - avait même affecté de ne pas connaître ce nom étranger au pays. Au reste, bien décidé à en faire le moins possible, il déposa bientôt la valise de son client sur le bas-côté de la route; et Olivier resta seul, dans le silence, sous la chaleur qui montait, devant cette porte qui ne s'ouvrait pas.
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L'homme - un autochtone, porteur d'un béret inamovible, écrasé sur le haut de son crâne comme une bouse - avait même affecté de ne pas connaître ce nom étranger au pays.
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Vidéo de Paul Gadenne
Marie, photographe, lit "Baleine" de Paul Gadenne (Éditions Actes Sud, 2005) Dans le cadre de "A vous de lire !" © Des auteurs aux lecteurs, 2010
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