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Critique de Zenishima


Alexandre Gady nous offre ici un ouvrage délicieux tant il est copieux en documents (plans d'époque, gravures, tableaux, miniatures, photos anciennes etc. dont certains sont inédits !) et original de ce fait car l'approche se veut documentaire et non exclusivement photographique.

La richesse du livre s'explique par son sujet/objet... Car en effet, on parle bien d'un couple palatial, le Louvre et les Tuileries ; des oeuvres totales puisqu'elles comprennent les bâtiments, les chantiers, les aménagements intérieurs, la décoration, les jardins et tous les événements qui les constituent aussi bien pour elles-mêmes que pour nous, notre histoire nationale.

Au fil des pages, on apprend à voir ce qui, en simple touriste lambda, est agréable à regarder ; on apprend à déjouer les pièges de ce qui s'offre à nous au présent. L'ouvrage peut ainsi se lire comme une "autopsie" du grand corps du Louvre, une archéologie visuelle ou bien, pour filer la métaphore sur le délice de la lecture, c'est un mille-feuilles décortiqué.

On part des bases médiévales pour en arriver au beau glaçage contemporain : on commence par la forteresse de Philippe Auguste transformée en résidence royale par Charles V puis, d'une résidence gothique on en vient au grand palais royal qui, pour notre plus grand bonheur, ne s'est pas fait en un jour !
On "fabrique" littéralement le chef-d'oeuvre de la monarchie DANS le livre de A. Gady : deux pages pour un chantier rêvé, une pour la réalisation, deux autres pour une tergiversation, une reconstruction, une transformation ou une destruction, le tout rythmé par l'histoire nationale, les personnalités et les goûts royaux, les réalités financières... S'il fallait trouver la trame de l'ouvrage, ça serait "le grand dessein" c'est-à-dire la réunion rêvée, grandiose des palais du Louve et des Tuileries ; long rêve qui, réalisé au XIXe siècle, sera dans les faits bien court... Il disparaît dans les flammes de la Commune en 1871. le livre d'A.Gady conserve malgré tout l'histoire de ce palais maintes et maintes fois remanié ; en ruines et désormais disparu, des photographies conservées, le palais des Tuileries est un véritable fantôme de nostalgie...

Sans verser dans le regret, l'histoire est en marche... Et le Louvre devient palais impérial sous Napoléon Ier, puis à nouveau royal sous la Restauration pour enfin devenir national à mesure que la République s'impose...mais sous cette surface événementielle, c'est bien du muséum de Louis XVI que nous héritons ! S'ensuit l'histoire d'un musée grandissant, conquérant toutes les pièces jusqu'aux Tuileries, centre nerveux du pouvoir monarchique...tandis que la IIIe République fit raser la carcasse des Tuileries incendiées en 1871. le président logera en simple particulier et non en monarque, dans un hôtel particulier pourtant nommé...palais de l'Elysée ! Même disparus, les Tuileries sont un message du pouvoir, le pouvoir républicain.

Le grand mérite de ce livre est bien là, il ne se contente pas de faire le récit d'un lieu de pouvoir mais de nous donner à voir LE pouvoir, à déchiffrer ses discours : la représentation du souverain ou du régime et de son pouvoir (lecture des allégories des façades, de la galerie d'Apollon, le tribunal royal dans la salle des cariatides, les carrousels ; le siège des académies royales puis l'idée d'un musée font le discours d'un despote éclairé puis d'une Nation fille des Lumières etc.)

Pour finir, A. Gady écrit bien, style clair et soigné, des commentaires toujours fins tout en étant accessibles à tous les néophytes en architecture.
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