Citations sur Mon vieux et moi (32)
Un matin, j'ai cru que Léo était mort . Sa chaise roulante était au milieu du corridor, avec lui dedans, immobile, la tête inclinée contre la poitrine...Je me suis approché par-derrière. Il attendait qu'une fourmi traverse.
A toute heure, il s'informe :
- Tu crois qu'elle viendra ?
J'ignore s'il parle d'une femme ou de la mort.
Léo est devenu vieux. Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas... (p. 49).
Jamais il ne m’interroge sur mon passé. Il se contente du présent. Souvent, il m’aide à prendre des décisions. Par exemple, lorsque j’hésite entre une émission télévisée plutôt qu’une autre, je lui cède la télécommande et il éteint, tout simplement.
(...)
Les vieux oublient, s’étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n’en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu’on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n’a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s’emmerdent, souhaitent mourir et n’y parviennent pas…
Souvent, il m’aide à prendre des décisions. Par exemple, lorsque j’hésite entre une émission télévisée plutôt qu’une autre, je lui cède la télécommande et il éteint, tout simplement.
Je ne les comprenais pas d'aimer Jésus. Fixé à ses deux madriers, il semblait terne et misérable. Rien pour évoquer le bonheur.
Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas...
Il s'appelle Léo, il a quatre-vingt-dix-neuf ans. Je l'ai connu au centre d'hébergement où je visitais ma tante, les dimanches gris. Léo attendait. Il avait bon caractère. Je le sais pour l'avoir mis à l'épreuve plus d'une fois : je lui chipais ses Whippet... Il ne disait rien. Je les lui rendais et aussitôt, il m'en offrait un.
Ma tante décéda et je me mis immédiatement à m'ennuyer... de Léo. J'entrepris de contacter sa famille. Résultat : un seul et unique répondant, quelque part en Floride, et dont le lien avec Léo ne s'est toujours pas précisé. D'abord surpris lors du premier échange, l'homme rappela (à mes frais) dès le lendemain pour m'annoncer qu'il acceptait ma proposition d'adopter Léo. Restait plus que les trucs juridiques à régler, que je confiai à un ami avocat.
Moi, si un jour quelqu'un m'adopte, jamais je n'aurai d'aussi belles choses à raconter.
Dans la cour arrière de notre petite maison, j'ai sorti deux chaises de toile et un parasol. Leo se croit à la plage. D'ailleurs, le bruit constant du système d'aération de l'édifice voisin s'apparente au son des vagues. Je lui avais promis la Floride, mais le trajet jusqu'aux États Unis l'aurait achevé. De toute façon, il voyage déjà énormément dans sa tête.