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Critique de Presence


Pour la deuxième fois, Neil Gaiman travaille pour Marvel Comics. le premier essai (Marvel 1602) en 2003 ne m'avait pas convaincu. de juin 2006 à février 2007 (en 7 épisodes), Gaiman se consacre à ramener sur le devant de la scène une création de Jack Kirby (19 épisodes de juillet 1976 à janvier 1978).

Un jeune interne de médecine rêve (ou cauchemarde) d'une race de dieux créant 2 espèces pour peupler la terre. Il reçoit la visite d'un homme étrange lui promettant de lui révéler les mystères de ce qui ressemble fort à une secte de fous furieux. Il est agressé et enlevé sous ses yeux peu de temps après par des hommes en noir. Une jeune femme fort séduisante, sans le sou et avec une prédilection pour la couleur vert organise une soirée pou un curieux ambassadeur. Iron Man reconnaît en elle une ancienne membre des Avengers.

Un enfant de 11 ans est la coqueluche des médias et il accepte de croire l'histoire du jeune interne. Une brillante jeune femme au passé inexistant invente des armes innovantes pour le compte de Stark Industries. Petit à petit la mythologie associée aux Eternals refait surface au fur et à mesure que les uns et les autres recouvrent la mémoire et découvrent qui a ravalé les Eternals au rang de simples humains.

À la fin de ma lecture, je suis incapable de trouver un seul aspect positif à cette histoire. Pour commencer, je ne comprends pas à qui elle est destinée. Soit vous connaissez déjà les Eternals, et dans ce cas, leur recherche d'identité n'a aucun commencement d'intérêt puisque la fin est courue d'avance. Soit vous ne les connaissez pas et dans ce cas ils resteront pour vous des gens avec des jolis costumes (mais guère plus) car Gaiman ne prend pas la peine de les doter d'une personnalité propre.

Ensuite les illustrations sont réalisées par John Romita Jr. Et le pire, c'est qu'il s'est appliqué. Ce dessinateur réussit l'exploit peu enviable de me faire préférer les cases sans décors à celles où il esquisse l'environnement. Je préfère de loin les harmonies de mise en couleur de Matt Hollingsworth à ces décors en parton pâte sans âme, ni caractéristiques. John Romita Jr. Exécute des dessins qui sont tout en apparence, sans aucune substance. Lorsqu'il singe Jack Kirby, il rend évidente son incapacité à ne serait-ce qu'utiliser correctement les points noirs d'énergie à la Kirby ou à rendre impressionnante la dimension d'un Celestial.

Sous sa plume tout semble n'être qu'un décor de cinéma sans épaisseur, 100% artificiel. Les expressions des visages sont limitées à une demi-douzaine, toutes interchangeables d'un visage masculin à un visage féminin. Il sature ses cases de traits non signifiants dépourvus de tout impact visuel. Tout est en toc, c'est un naufrage graphique d'autant plus navrant qu'il a dû passer pas mal de temps sur ses planches.

Et le scénario de Neil Gaiman est à l'unisson de ces illustrations. À l'évidence il a mis son talent au service des exigences éditoriales de Marvel et le récit comporte des passages à ce point artificiels que même le lecteur le plus indulgent se surprend à tiquer. On a ainsi le droit à plusieurs références à Civil War qui tombent comme un cheveu sur la soupe. Mais au-delà de ces références, c'est tout l'objectif de cette histoire qui apparaît comme téléguidé par Joe Quesada, l'éditeur en chef de Marvel. En gros, Gaiman se contente de présenter les Eternals à une nouvelle génération de lecteurs pour que Marvel lance derrière une nouvelle série qui aura duré tout juste 9 épisodes. L'histoire se termine sans que le lecteur ait doit à une fin en bonne et due forme. La majeure partie de l'intrigue est laissée en plan pour que le suivant puisse continuer. Neil Gaiman bute également sur la même difficulté que Jack Kirby : la mythologie des Eternals est tellement riche que l'univers partagé de Marvel n'est pas assez grand pour l'accueillir.

Soit vous êtes un fan de Neil Gaiman, et il vaut mieux que vous évitiez de lire ce recueil qui le ferait chuter de plusieurs crans dans votre estime. Soit vous ne connaissez pas Gaiman (si, il paraît qu'il en existe encore) et il vaut mieux que vous commenciez par une autre de ses histoires. Enfin, si vous avez une attirance pour les Eternals, je vous conseille de lire Earth X dans lequel Alex Ross et Jim Krueger mettent en valeur de manière admirable l'héritage de Jack Kirby.
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