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Critique de CarolineDBruihier


En lisant les dernières lignes du roman, une chape de plomb s'est abattue sur moi, mes oreilles bourdonnaient et j'étais étrangement ailleurs : j'étais dans le métro, assistant moi aussi au drame que vit la narratrice, Cerise...

Cerise est en seconde, au lycée. Chaque matin et chaque soir, elle prends le métro. Pendant chaque trajet, elle observe intensément, les visages, les corps des gens qui l'entourent, la beauté, la tristesse à partir desquels elle s'invente des histoires. le métro, machine à rêver pour Cerise. Et un jour, elle assiste à quelque chose, qu'elle ne nomme que comme le "film-souvenir", celui qui prend tellement de place dans sa tête qu'il écrase tous les autres. Quelque chose qu'elle ne parvient pas à oublier. Ce jour-là, auquel Cerise revient sans cesse, elle avait mis une nouvelle robe, rouge comme les événements à venir...

Le lecteur se doute qu'il s'est passé quelque chose de terrible, lié à ce curieux sdf, un jeune homme qui, chaque jour, débite des discours incroyables que Cerise écoute, un jeune homme aux yeux verts qui étincellent d'une curieuse façon et que la jeune fille va renommer Zyeux verts. Et Zyeux verts est au bout : Cerise sent qu'il va craquer...

Dès le début du récit, on sent que Cerise est bouffée par un souvenir, elle nous évoque son quotidien, son mal-être ordinaire d'adolescente aux parents divorcés, de jeune fille solitaire, qui ne parle que lorsque ça l'intéresse, qui observe les yeux grands ouverts le monde qui l'entoure. Et dans ce monde, elle les voit eux, les invisibles : ceux que l'on ne voit plus à force de les voir tous les jours : les pauvres, les sdf. Qui émeuvent cette jeune fille.

Car Cerise est sensible, elle ne veut pas voir "le monde comme ça", pas croire qu'il est comme ça, elle voudrait donner plus qu'elle ne possède. L'auteur décrypte habilement ses sentiments face aux sans-abris : le malaise qui s'empare d'elle, le désir de les aider, l'impuissance, le constat que le monde ne tourne pas rond, que l'aveuglement des gens qui ne les voit pas, qui ne veulent plus les voir, les tuent tout doucement...

Tout doucement, le récit nous entraîne inexorablement vers sa chute, les choses s'accélèrent, le ton de Cerise devient de plus en plus urgent jusqu'à ce qu'elle nous livre ce qu'il s'est passé ce jour-là dans le métro... On sent son besoin d'écrire, de révéler au monde ce qu'il s'est passé, sans jamais juger, simplement décrire ce qu'elle a vu, ce qu'elle a observé cette fameuse journée et aussi les jours précédents décryptant les prémisses de ce qui allait ce dérouler. L'écriture est la seule manière pour la narratrice de ce libérer d'évènements traumatisants, qui ne demandent qu'à sortir d'elle-même.

Un récit fort, prenant, sublimé par le grand talent d'écriture de l'auteur.

Lien : http://biblioado.canalblog.c..
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