AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lekarr


J'ai toujours apprécié les bouquins un peu barrés, avec une atmosphère étrange et des personnages décalés, des récits qui nous bousculent un tantinet et nous amènent à nous demander à qui et à quoi l'on peut bien avoir affaire. Avec ce roman de Maria Galina, j'ai été servi. On y suit un historien de l'art parachuté en Ukraine dans la bonne ville de Lviv afin d'effectuer des recherches sur un groupe artistique des années 20. Au début tout est sous contrôle. Les déambulations de Christophorov répondent à une logique indéniable. Il essaye de remonter le fil de l'histoire, rencontrer les personnes qui ont connus les protagonistes d'alors et collecter les informations qui lui permettraient d'en apprendre davantage sur les membres dudit groupe et, qui sait, de mettre la main sur la partition de leur unique représentation. Son enquête l'emmène dans les lieux les plus divers et lui fait côtoyer toute sorte d'individus. Il se promène dans les cimetières, visite des musées, hante les marchés aux puces. Il rencontre des conservateurs et des archivistes, discute avec des collectionneurs, des artistes, des marchands d'art... Il fait deux ou trois découvertes et lève quelques lièvres bref, sa quête s'annonce plutôt bien.
Et puis, insidieusement, le récit bascule dans l'irrationnel. Ce n'est d'abord qu'une vague sensation. Une sorte de flottement dans le déroulé de l'intrigue. Les scènes se ressemblent étrangement, paraissent se répéter et l'on en vient à confondre les lieux et les personnages. Ces derniers sont le plus souvent assez étranges et se révèlent être bien plus que ce qu'ils prétendent. En fait, rien ni personne n'est vraiment ce qu'il semble être de prime abord. Un chauffeur de taxi peut cacher un prof d'histoire et une serveuse peut se transformer en artiste peintre ou en passionaria révolutionnaire. Les sous-sols dissimulent des partisans qui attendent l'heure de la révolte, les auberges de jeunesse sont squattées par des bikers et, en y regardant bien, on peut également y voir des loups-garous, un sylphe et peut-être même des extra-terrestres !
Raconté comme ça, le récit peut sembler confus. Mais attention c'est une confusion sous contrôle, un côté kafkaïen savamment entretenu pour nous offrir une plongée inattendue dans une ville, dans son passé comme dans son présent. On se rend alors compte que la ville n'est pas unique, monolithique, éternelle. de même que son nom - Lliv, Lwow, Lemberg - a changé en fonction de la puissance occupante, la perception que ses habitants ont de leur cité varie selon les époques et selon les personnalités. Rien n'est figé. Il y a l'histoire officielle et toutes les histoires personnelles. Chacun à sa vision de sa ville et son interprétation des évènements qui s'y déroulent. Elle est carnaval pour les touristes, palais et demeures luxueuses pour les élites, bidonville pour les ouvriers. Elle est multiple et labyrinthique. Elle est changeante et intrigante. Et pour Maria Galina, elle est roman.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          140



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}