Émue, elle guettait le mouvement inverse, le souffle qui sortirait de son corps, serait injecté dans l'atmosphère du taxi, s'y mélangerait aux relents de cuir et de poussière et aux traces infimes plutôt imaginées que réelles du passage de milliers d'humains. Marie imaginait ce souffle arriver jusqu'à elle, passer sur la mince couche textile qui l'exposait bien plus qu'elle ne la protégeait, une brise qui frôlerait sa peau en sueur et la ferait frémir. Ses tétons se dressèrent vers la belle silencieuse dont Marie espérait qu'elle ne choisirait pas cet instant précis pour regarder dans sa direction. En même temps, elle était fière d'arborer ces stigmates comme autant de témoins de ses sentiments blessés.
Une couche de buée couvrait peu à peu la glace où Marie essayait de voir plus clair en contemplant l'image d'une femme qu'elle ne connaissait apparemment pas encore assez, malgré une cohabitation depuis toujours, et elle fut obligée de renoncer à l'entreprise à peine entamée d'auto-divination. Tant pis, cela ne la dérangeait pas de passer à une activité plus physique. Pendant ce temps-là, la baignoire avait eu le temps de se remplir, et Marie glissa dans l'eau délicieusement chaude dont les caresses brûlantes la firent tressaillir.