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Critique de PhilippeCastellain


Il y a quelques années nous avons eu la chance de faire la traversée de l'Angleterre le long du mur d'Hadrien. C'est une randonnée magnifique, peut-être la plus belle de ma vie, et je la conseille à tous les amoureux de marche et d'histoire, et respectueux de la nature et des vestiges. Ce livre est parfait pour prolonger le voyage, et se plonger plus avant dans l'histoire de ce lieux unique.

Fort bien fait, il s'attache essentiellement aux aspects chronologiques : la conquête de la Bretagne par les Romains, les nombreuses révoltes, l'avancée dans l'île, la construction du mur. Puis ses différentes phases d'occupation, la lente déchéance, et l'abandon final. Il fournit également de nombreux éléments d'analyse, et tout d'abord : pour quoi faire un mur ? L'économie de Rome était largement prédatrice, basée sur une expansion constante et le pillage des peuples vaincus. Passer à la notion de "limès", de frontière défensive, était donc une petite révolution. Mais n'était-ce pas également le début de la fin ? Une structure défensive coûte de l'argent ; une expédition militaire en rapporte. En se corsetant dans des frontières fixes, l'empire ne se condamnait-il pas à une lente et inexorable érosion ?

Mais l'auteur souligne que la conquête de l'Ecosse aurait coûté cher et rapporté peu. Qui plus est, l'armée romaine n'était pas adaptée à la stratégie de guérilla des peuples locaux. Plusieurs tentatives furent d'ailleurs faites pour envahir l'Ecosse en suivant la côte ; des forts furent établis jusqu'à Aberdeen. Elles ne durèrent pas : impossible à pacifier. Et c'est là le plus intéressant : le mur en lui-même n'était pas tant un dispositif militaire qu'un instrument de contrôle politique local. On métrisait tous les échanges, et les peuples locaux avaient sous leurs yeux la preuve de la grandeur de Rome.

L'ouvrage évoque également la vie quotidienne des soldats en cantonnement, faite essentiellement de corvées et d'attente ; on apprend au passage que les soldats n'avaient pas le droit de se marier avant la fin de leurs vingt-cinq années de service ! La vie religieuse a également laissé de nombreux vestiges, même si elle n'a pas grand rapport avec Jupiter et toute la bande qu'on apprend à l'école. Les officiers priaient plutôt Mithra ; les hommes de troupe des divinités locales comme Belatucadrus ou Coventina.

J'espère un jour revoir la longue ligne de pierres serpentant à travers les collines, au milieu du jaune des buissons d'ajoncs. Les ruines des forts, les verts pâturages et leurs moutons paisibles, l'immense estuaire de l'Eden…
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