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Critique de afriqueah


Voilà le récit d'une inconsciente. Elle travaille pour l'UNICEF Espagne, elle transporte une vieille dame agonisante depuis le Sud-Ouest de l'ile de Bioko jusqu'à Malabo, la capitale de la Guinée Équatoriale. Elle a oublié ses papiers, son passeport, mais trimballe avec elle son «  journal intime », où elle a eu la très mauvaise idée d'écrire :
« Le gouvernement est une bande de voleurs pathétiques, des misérables qui ôtent sans vergogne le pain de la bouche des Guinéens ; ils sont soutenus par l'armée et la police, d'authentiques fils de putes sanguinaires qui ne répondent à aucune loi en justice, sauf celle que leur dictent leurs instincts dépravés »
Elle se proclame anthropologue, et elle a «  oublié » que la Guinée est une dictature sanglante. Propagande subversive, lui assène le policier en même temps que les coups. Car elle se fait arrêter en pleine nuit par une brigade.
Elle persiste et signe, se fait tabasser, ne croit pas qu'elle puisse être considérée comme une espionne d'ETA, pour renverser le régime souverain de G E.
De fuite en fuite, elle pénètre la grande forêt équatoriale, voit les gorilles du Mont Alén, puis les éléphants, s'étonne quand ils chargent, fait la bécasse quand il s'agit de survie élémentaire, ne comprend rien, même pas pourquoi elle n'aurait pas dû écrire ce brûlot dans son journal «  intime »  , se méfie de tout et de tous, a très peur, et en plus se croit capable de marcher 40 kilomètres dans la jungle, sans chaussures …
A part présenter cette héroïne de pacotille, que veut prétendre Fernando Gamboa ?
Nous présenter une dictature ? oui, c'en est une.
Un pays fracassé ? oui c'en est un.
Des habitants dépossédés par la seule famille d'Obiang qui est au pouvoir, de leurs maisons et de leur droits, et à qui, elle nous en saoule, Blanca dit merci merci.
Anthropologue ? pas crédible.
Membre de l'Unicef ? et personne ne s'inquiète de sa disparition ? pas crédible. Et en rentrant à Barcelone, elle n'ira pas se plaindre des tortures qu'elle a subi , au siège de l'organisation, elle refera sa copie en rentrant de nouveau à Malabo.
Une Blanche espagnole torturée ? pas crédible, ni avant ni après l'Indépendance.
Pire que tout, elle se sent responsable de la situation en GE. Responsable, au centre de tout, oubliant les morts et les tortures à Black Beach, de sinistre mémoire, le pétrole, les enjeux politiques, la dictature qui perdure ? Mais qu'a-t-elle décidé, à part passer d'angoisse à sauvetage ?
L'aéroport récemment inauguré ? Sommes-nous en 1950 ?
La cathédrale mise à feu, oui, en 2020, c'est-à-dire que Fernando Gamboa a remanié son texte, en se servant de cet épisode véridique.
le génocide, à peine effleuré, alors que Macias a précipité, en accédant au pouvoir par l'Indépendance, son pays dans la ruine.
Dommage que l'héroïne n'ait rien, mais rien d'une anthropologue, dommage que ce pays si peu connu ne soit évoqué que partiellement et superficiellement, mais, finalement, j'aimerai dire que c'est mieux que rien.
A qui ce livre «  à plus d'un million de lecteurs » est-il destiné ? Mystère.
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