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Critique de domi_troizarsouilles


Ce livre est décidément une histoire aussi prenante que lassante ! Je m'explique : je l'ai commencé il y a plusieurs mois et me suis alors arrêtée à 25%, je ne sais plus trop pourquoi. J'envisageais pourtant de le reprendre, je croyais que c'était juste une pause, mais qui a duré si longtemps que, après seulement quelques pages de la suite de ma lecture, je me suis rendu compte que j'avais tout oublié. Dès lors, j'ai repris depuis le début et cette fois, j'ai passé les 25% sans souci (et sans me rappeler pourquoi j'avais alors « calé »), pour finalement arriver à un peu plus de 60%, où je suis à nouveau restée plusieurs jours sans plus avoir envie de bouger. Mais bon, j'avais dépassé la moitié, ça aurait été bête d'en rester là, j'ai donc poursuivi jusqu'au bout…

On est dans une aventure que plusieurs ont comparée à Indiana Jones (dont je n'ai que de vagues souvenirs) ou à un Da Vinci Code (que je n'ai jamais lu, donc pour moi ça ne sert à rien), mais en tout cas c'est indéniablement un récit d'aventures qui nous mènent à travers le globe (dans les Caraïbes, dans les Canaries, au Mali, au Mexique ou au Guatemala, avec plusieurs fois des « pauses » en Espagne), à la recherche d'un trésor incroyable que les Templiers auraient transporté jusque dans le Nouveau Monde par bien des détours. Nos trois héros vont de découverte en découverte, et chaque nouveau pas les mène dans des situations tout à fait rocambolesques, pleines de péripéties et de rebondissements. Avec ça, le « grand méchant » de service, que nos héros ont eux-mêmes convoqué en début de livre mais à qui ils vont vite fausser compagnie, réapparaîtra assez tard dans l'histoire quand on ne s'y attend plus, tandis que 1.001 obstacles inattendus, certains potentiellement mortels (et alors on tue sans états d'âme, sous prétexte de se défendre), ne cessent de survenir.
Indéniablement, c'est rythmé, on ne s'ennuie pas ni ne se repose jamais réellement. Mais est-ce suffisant pour en faire un bon livre ?

Les personnages sont sympathiques mais caricaturaux, et je ne me suis attachée à aucun d'eux. Ulysse est le narrateur : la trentaine, moniteur de plongée et globe-trotteur, il va là où le vent le mène, sans attache à part un appartement à Barcelone et sa mère dans la même ville ; il refuse sciemment de vivre une vie « classique », c'est tout à fait assumé mais ça donne parfois l'impression d'un manque de maturité, accentué par son caractère souvent sanguin. le professeur Castillo, spécialiste en histoire médiévale et ancien ami du père (décédé) d'Ulysse, va se retrouver mêlé à l'histoire car Ulysse a besoin de ses lumières sur la découverte d'un objet historique qu'il a transporté jusqu'en Espagne dans l'illégalité la plus totale. La jeune Cassandra, enfin, archéologue mexicaine et également plongeuse, travaille au départ pour un richissime homme d'affaires américain (le fameux « méchant » de l'histoire), et surtout pilleur de trésors archéologiques… ce qu'elle finit par ne plus supporter, tout à coup, lorsqu'elle rencontre d'Ulysse et du professeur, pour mieux se lancer dans cette aventure avec eux, qui s'apparentera elle aussi à un indéniable pillage, pourtant !
Eh oui, on n'est pas à une contradiction près, c'est l'aventure qui prime très nettement, au mépris de toute considération de respect des héritages archéologiques…

En outre, l'auteur prend de très grandes libertés avec la vraisemblance historique. Ainsi, on est dans de l'action en continu, mais on n'apprend rien. Pire : on finit par se rendre compte que l'auteur raconte n'importe quoi pour plier certains faits historiques à son roman. Au début pourtant, on lit ce livre avec la tentation de se laisser persuader que, oui, les événements expliqués sont tout à fait plausibles… Par exemple, que les Amériques aient été « découvertes » bien avant Christophe Colomb, c'est connu depuis un moment – cependant, l'auteur ne parle pas des Vikings qui y seraient arrivés par le nord, mais fabule autour des Phéniciens qui auraient ensuite caché leur découverte tout en laissant des traces codifiées à l'adresse d'initiés, ou les Templiers donc… On ne peut s'empêcher de se demander : et si c'était vrai ?
En même temps, on n'ose pas tout à fait y croire, on se dit que cette histoire est un peu trop survitaminée pour être tout à fait honnête…

Et puis, j'ai définitivement abandonné tout espoir de vraisemblance historique quand nos héros arrivent dans la jungle amazonienne : l'auteur fait alors une grosse soupe des mythes mayas, aztèques et toltèques, tout en les attribuant tous aux Mayas (puisque nos protagonistes sont alors dans le Chiapas, à la frontière guatémaltèque) ; il mélange allègrement les divinités et leurs attributions, en ne gardant que de très loin le fil historique réel. Ce n'est pas que je m'y connaisse énormément sur tout ça, mais bien davantage que sur les mythes autour des Templiers. C'est que j'ai toujours été intéressée par les civilisations précolombiennes, et plus encore depuis quelques voyages au Mexique : ainsi, je n'ai pu que « tiquer » sur ces libertés que prend l'auteur pour que son histoire se poursuive malgré tout… L'enchantement potentiel du début était définitivement rompu !

Quant aux autres défauts, le plus évident est que la traduction est lamentable ! On trouve plusieurs fautes d'orthographe, des fautes récurrentes de conjugaison (dont la désormais traditionnelle confusion entre conditionnel présent et indicatif futur à la 1re personne du singulier), mais le plus énervant sont les fautes de pure traduction qui sautent aux yeux sans même avoir la version espagnole originale sous les yeux ! L'exemple le plus flagrant, qui est revenu à plusieurs reprises, est la traduction du verbe « asumar », le même que « to assume » en anglais : en français, c'est un faux ami, qui ne se traduit jamais par « assumer » (qui a une toute autre signification), mais bien par « supposer », ce n'est pas pareil ! Or, la traductrice est tombée dans le panneau à chaque fois… et franchement, si ça passe au nom du franglais de plus en plus répandu dans certains milieux, moi ça me choque, surtout quand c'est servi encore et encore. (Si vous ne me croyez pas, je vous suggère d'aller vérifier la définition de ces différents verbes au dictionnaire : vous verrez que « assumer » et « supposer » en français ne sont pas des synonymes ! ou bien consultez ceci : https://usito.usherbrooke.ca/d%C3%A9finitions/assumer#:~:text=L'emploi%20de%20assumer%20(de,%2C%20supposer%2C%20tenir%20pour%20acquis – j'aime la méfiance de nos amis canadiens face à de tels anglicismes malvenus !)

Dans la même veine, j'ai relevé avec irritation un autre élément, qui n'est peut-être pas une erreur de traduction en tant que telle, mais c'est clairement une méconnaissance de ce dont on parle : le Quetzalcóatl, divinité toltèque reprise par les Aztèques, ici attribuée aux Mayas comme indiqué plus haut, est systématiquement mal écrit, en l'occurrence Quetzalcoalt (sic – eh oui, en inversant le T et le l'finaux). La traductrice n'a-t-elle donc pas pu vérifier ? le Quetzalcóatl est pourtant une des divinités les plus connues des panthéons toltèques et aztèques ! et quand on traduit un livre de l'espagnol vers le français, avec des passages en Amérique latine, la moindre des choses est de vérifier un tel nom propre, mais ça n'a visiblement pas été fait… Certes, la première fois, j'ai voulu croire à une faute typographique, hélas ça revient systématiquement, et ça pique les yeux !

Je ne peux donc pas dire que j'aie passé un bon moment avec ce livre, mais indéniablement on se laisse prendre par son rythme endiablé et ses nombreux rebondissements, même si on y croit de moins en moins tant la vraisemblance historique est malmenée. Je suis néanmoins satisfaite d'avoir tenu ma décision d'aller jusqu'à la conclusion, tellement improbable cependant qu'elle a achevé de me convaincre que je ne lirai pas la suite.
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