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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! La critique du jour est sponsorisée par l'opération Masse Critique et les éditions Karibencyla, sans qui rien n'aurait été possible et que nous remercions chaleureusement.

-Ah, c'est le livre que tu as reçu pour Masse Critique ? Ben on a failli attendre. Pourquoi tu l'as choisi, celui-là, d'ailleurs ?

-Parce que j'adorais la couverture. Regarde-moi comme c'est joli ! C'est rose, il y a du rose, c'est tout rose, il y a du violet aussi, et des cyans, c'est doux et harmonieux comme une aube estivale sur une mer calme. L'illustratrice s'appelle Fanélia, je trouve qu'elle a fourni un très beau travail avec ce visage doux et joyeux, gentiment empreint de manga.

-Mouaif. Ben moi, j'aime pas cette couverture. Regarde-moi ça ! C'est rose, il y a du rose, c'est trop rose, ça sent le produit calibré pour petites filles ! Quel petit garçon va lire ce bouquin ?

-Ah… c'est vrai, ça peut rebuter le jeune lectorat masculin, et ce serait dommage, parce que l'histoire contenue dedans est adorable. En attendant, je fais partie du lectorat féminin, et j'adore cette illustration. Si Fanélia est à Japan Expo… ben c'est dommage, parce que je n'y serai pas.

Or donc, Les glaces de l'Harmonie raconte les aventures marines et gustatives d'Harmonie, soeur aimante déterminée à se procurer des glaces pour son petit frère, dont la gorge est endolorie après une ablation des amygdales. Hélas, les glaces se vendent à des prix astronomiques, seuls les très riches peuvent en manger ! Harmonie va devoir faire preuve d'inventivité si elle veut soulager son petit frère.

-Ah. Un récit héroïque, où le personnage principal va subir mille tourments pour gagner une récompense grâce son seul mérite ?

-Mieux que ça. Un roman d'anticipation célébrant l'ingéniosité, la littérature et la gourmandise qui pourfend la malbouffe, dans une aventure à taille d'enfant.

-Mais… comme c'est possible ?

-C'est simple et compliqué en même temps.

La première chose que j'ai remarquée et appréciée tient dans le travail des mots, et ce, dès la première phrase. C'est une excellente idée de faire commencer le récit par cette phrase-là : tout de suite, je me suis retrouvée en terrain inconnu et puissamment familier en même temps. le décor est planté, bien nettement.

Ensuite, tout le roman baigne (si je puis dire) dans le champ lexical marin, ce qui donne une saveur particulière aux dialogues et laisse la part belle aux jeux de mots.

Enfin, Jade, la grand-mère d'Harmonie, adore faire de la poésie. Certaines rimes sont discutables, mais cela donne du cachet au personnage. J'ai même repéré un petit clin d'oeil à Lamartine. Et en tant que littéraire, ce genre de plaisanterie me fait pencher la tête sur le côté en souriant.

-Ouais, mais c'est pour enfant, ils vont pas comprendre, pour Lamartine…

-Non, en effet, mais les parents ou les instits risquent de comprendre, eux.
L'autre point fort du texte réside dans le personnage principal lui-même. Harmonie est une jeune fille confiante en elle, indépendante, capable de se débrouiller, de négocier, d'inventer. Alors, elle n'est pas parfaite, elle se trompe, se décourage et tant mieux, cela la rend humaine, mais elle n'en reste pas moins une personnalité inspirante : elle travaille dur et cogite sec pour trouver la solution de ses problèmes.

Et le dernier atout, mais non le moindre : l'ancrage de cette histoire dans notre présent et notre avenir proche.

-Comment ça, dans le présent ? Tu as dit que ça se passait dans le futur.

-Oui, certes. Cependant, Fabienne Gambrelle exploite des données actuelles pour tisser la toile de fond de son histoire : la malbouffe malsaine faite de faux aliments, la misère des uns, l'indécente richesse des autres, la nourriture à base d'insectes, l'exploitation des humains en général et des enfants en particulier… A la première lecture, j'ai éprouvé la sensation de lire une gentillette aventurette mignonne et gnan-gnan écrite dans un style très (trop ?) adapté à la jeunesse, mais en relisant de plus près, j'ai été obligée de me rendre compte que le roman aborde une foule de thèmes complexes.

-Donc, c'est parfait ?

-Non, hélas. Il y a çà et là quelques menues maladresses de style, bien que peu gênantes. Je nourris aussi des doutes sur les interjections. Les personnages jurent comme le capitaine Haddock : en utilisant des mots qui ne relèvent absolument pas des jurons ni des interjections ordinaires. L'idée est brillante en soi, cependant, je crains qu'elle n'alourdisse un peu le texte, car répétée trop souvent. Sans compter que je ne suis pas persuadée de la fluidité des phrases à l'oral. Je pense cependant qu'il y a des choses intéressantes à creuser avec les enfants en atelier théâtre, cela mérite d'être exploré.

Je regrette également de ne pas savoir pourquoi Harmonie est surnommée « Nimoa », et j'ai eu du mal à saisir ce qu'étaient le papyduz et le cartyduz. J'ai fini par échafauder une hypothèse, mais une petite précision aurait été la bienvenue.

En dépit de ces petites réserves, l'univers est cohérent, sa construction, sa description sont réussies. Je reste donc agréablement surprise par cette découverte. »
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