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Critique de HypathieBlog


Dans ce petit essai de 152 pages, Jean-Marc Gancille reprend son plaidoyer commencé avec Carnage, pour les animaux, pour une écologie sentientiste, et au final pour une agriculture végane sans élevage et sans amendements animaux.

La première partie de l'ouvrage rappelle les chiffres affolants d'animaux tués (80 milliards chaque année) juste pour nourrir les 8 milliards d'habitants qui peuplent la planète, dont 4 milliards environ de classes moyennes aux besoins insatiables. Sans oublier que le carnage est également sur les mers et les océans du globe. le pire, si c'est possible, a lieu en mer. L'emprise humaine de la pêche artisanale et industrielle est en effet bien plus importante que sur terre, les océans occupant plus de place sur le globe que les terres émergées. Avec les inconvénients que l'on sait maintenant, sauf à vivre dans un caisson hyperbare insonorisé depuis 20 ans. Accaparement de terres cultivables pour nourrir des bêtes, destruction des habitats des animaux, de la biodiversité terrestre animale et végétale, de la faune marine, réchauffement climatique dû à la déforestation et aux émissions de méthane, pollution de l'air à l'ammoniac, des eaux par eutrophisation avec les rejets d'effluents tels le lisier de porc. Antibiorésistance, pollution médicamenteuse, et dégâts pour la santé publique par consommation excessives de protéines et de graisses animales ; risques accrus de mutation de virus provenant de zoonoses frappant des animaux aux organismes affaiblis, tous génétiquement identiques et vivant confinés, et donc d'épidémies ravageuses pour les humains. Les maladies épidémiques de grippe, variole, malaria, tuberculose, typhus, diphtérie, rougeole, fièvre jaune, peste, choléra sont apparues il y a 10 000 ans avec l'élevage, du fait de la proximité entre humains et animaux.
L'auteur s'applique dans un chapitre à démystifier nos croyances et sentimentalismes culturels pittoresques à propos de la chasse, de l'élevage et de la consommation de viande. Tels les prairies stockant le carbone, les amendements organiques "nécessaires" pour les cultures, fumier, purin ou leur compromis moderne, le lisier, l'entretien des paysages par les paysans, le bocage (talus entourant les champs, surtout garants des limites des propriétés et contenant les animaux, les empêchant de fuir), le mythe du "petit élevage" comme de la "petite pêche artisanale", tous aussi destructeurs sinon plus que l'intensif, car à plus forte intensité foncière donc d'occupation d'espace, le pastoralisme (subventionné) ravageant les flancs de montagne et en guerre contre les prédateurs (loups, lynx, ours) et tous les animaux sauvages accusés de disséminer la tuberculose bovine et toutes sortes de pestes ; le locavorisme pas forcément plus vertueux s'il est obtenu sous serre chauffée, et last but not least, la 'transition écologique' (en prouvant que l'humanité n'a jamais au cours de son histoire transitionné vers d'autres formes d'organisation sociale que celle dont nous subissons aujourd'hui les conséquences), toutes des croyances que nous avons dû nous inventer et entretenir pour justifier le massacre.

Jean-Marc Gancille plaide en conclusion pour la sortie planétaire de l'élevage et du système carniste avant que nous ayons tout détruit pour satisfaire nos estomacs : le désert avance, le futur sera végétal ou ne sera pas. La phrase de Gunther Anders "nous ne vivons plus dans une époque mais dans un délai" est en exergue de l'ouvrage. Quelques lueurs d'espoir tout de même : l'élevage bovin (le plus destructeur) est en perte de vitesse, sans aides, hélas, pour une transition professionnelle en douceur ; certains pays, la tête sous les excréments, tels la Hollande, pourtant dirigée par une coalition de centre-droit veut imposer une diminution de 30 % de son cheptel, mesure très impopulaire, c'est dire si la situation est devenue intenable ; la FAO, l'ONU et l'OMS lancent des avertissements sur les désastres à venir, et des coalitions internationales tentent de démontrer le vrai coût des protéines animales en incluant dans leur prix les nombreuses externalités négatives afin de faire pression sur les institutions européennes, dont il convient de rappeler que le budget de la PAC (Politique Agricole Commune : 37 % du budget de l'UE) contribue largement au ravage et à ses conséquences désastreuses à venir. Passer à une alimentation végétale est facile et peu coûteux à faire. Cela dépend de chacun de nous de s'y engager et d'en constater les avantages. Il suffit juste de faire une révolution culturelle dans nos mentalités, nos assiettes suivront. Très documenté de statistiques émanant d'organismes scientifiques tout à fait sérieux et reconnus, cet ouvrage de bonne vulgarisation est à mettre entre toutes les mains.
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