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Critique de michfred


Sans doute parce que je me dispose  à lever une ancre un peu trop incrustée sous ma chère "maison plate" aux allures de péniche,  dans le très citadin 92, parce que les vents du large et les sirènes océanes m'appellent, et que les houles futures d'un déménagement me guettent,  cette Nuit atlantique m'a tout de suite fait signe, comme au voilier  le sémaphore , à la sortie du chenal...

Je connaissais Anne-Marie Garat, la thésarde brillante,  spirituelle, vive et hyper cultivée d'une Faim de Loup, que j'avais dévoré avec la délectation gourmande dudit Loup pour le Chaperon rouge!

Alors cette histoire de villa sur la dune, à deux brasses du Verdon, menacée de ruine, frappée d'invendabilité, de désaffection sentimentale et d'alerte submersion , rien de moins, avait tout pour capter mon inquiétude de sédentaire menacée de nomadisme imminent, mes velléités  d'ultime bougeotte avant momification définitive, et mon éternelle attirance, jamais rassasiée , pour les plages océanes et les grandes marées( confirmée par mon avatar qui plaide mieux qu'un long discours).

Bref, La Nuit atlantique d'Anne-Marie Garat,  c'était fait pour moi et pour mon karma tourmenté du moment...

Ben ouais...

J'ai aimé  me faire emporter par les lames de fond et les lames de face, me faire rouler dans les baïnes piégeuses, embourber dans les sables mouvants, battre par l'ouragan. Un traitement de choc parfaitement exécuté par la phrase périodique et captatrice de Garat, à son apogée  d'efficacité. 

J'ai été intriguée par le petit sabot perdu, les cahiers d'école, le tableautin  sinistre et prophétique,  les bornes littorales marquant l'avancée subreptice de la mer sur la terre.

 J'ai ete distraite par les rencontres dépaysantes d'un canadien asiate photographe et  motard, d'un beau quinqua en costard de velours, scientifique  recyclé dans le sauvetage des quasi- quadras en détresse,  par une  filleule,  Bambi,  qui a mais trop la souague et  qui tchatche le djeune avec application, d'une amie-amour d'enfance dont finalement on saura qu'il ne faudra rien chercher à  en savoir.

Bref, j'ai eu mon tsunami de personnages secondaires récréatifs mais assez téléphonés si je peux me permettre cette métaphore car le "réseau" qu'on capte ou pas a son importance dans ce récit de robinsonne moderne et connectée.. .

J'ai lu avec délectation tout ce qui touchait à la maline, à cette marée centennale, subversive et  submersive, adoré retrouver  les odeurs et impressions de maison de bord de mer hors saison-mais la chanson de Cabrel , c'est aussi efficace et moins long pour la nostalgie...

Les affres capillaires, les réminiscences tourmentées mais peu explicites, les  cas de conscience et positions défensives de "ma reine, marraine ou Maren", la narratrice,  qui finalement s'appelle bêtement Hélène comme tout le monde,  ne m'ont pas fait battre le coeur.

Comme un oyat antédiluvien je me suis juste accrochée à ma dune devant ce déferlement d'informations pour syllogomane-vous chercherez, c'est expliqué dans le livre!- et j'ai pris un grand bol d'air marin et bu une énorme tasse saumâtre,  sans pour autant jeter l'éponge-ah, ah, ah!

Trop c'est trop, jusqu'à un excédent d'allusions littéraires gorgeant la phrase qui les charrie et les roule comme des meubles d'antiquaire emportés par un tsunami. On préfère toujours voir arriver la barque prosaïque des sauveteurs plutôt  qu'un scriban renaissance!

Après  ça,   j'ai lu Slimani, toute la nuit. Retour à  l'essentiel.
Nuit marocaine après cette Nuit atlantique qui, sans toutes ses scories stylistico-culturelles,  aurait eu  tout pour me plaire...
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