Laver son honneur et faire la lessive pour son fils, dans la même machine, il y avait de quoi se faire mousser. Et quand l’aventure sportive mettait les deux protagonistes en scène, il ne fallait pas louper le lever de rideau, quitte à payer les machinistes pour un clap de fin radical.
Voilà, tout était dit. Milliardaire et pourtant misérable, Khodorovitch n’était pas du bois dont on fait les flûtes, les potences plutôt.
Quand les évènements vous dépassent, feignons d’en être les instigateurs, disait Talleyrand. Si je leur avais fait comprendre que je n’étais pas au jus, ils m’auraient pris pour un jambon et se seraient dit que j’étais au rencard, donc même plus bon à être renseigné. C’est quand tu es au courant de tout, ou que tu fais semblant de l’être, que les gens te parlent. Sinon, ils pensent que tu as décroché et ne te disent plus rien.
Quand tu donnes à manger à tout le monde, c’est facile de trouver un consensus.
Ce ne sera plus la guerre, mais il demeurera encore des guéguerres, pour alimenter la chronique, faire travailler les neurones et ne pas laisser retomber le soufflé de la raillerie qui brûle encore toutes les langues dès lors qu’il sort du four.
Des histoires, il y en a eu des tonnes, il y en a des tas, et il y en aura des tombereaux. Jouer sous les mêmes couleurs ne fera jamais disparaître cette rivalité citadine. Elle prendra d’autres aspects, l’imagination des Biarrots et des Bayonnais étant sans limite en la matière. Elle demeurera, du moins faut-il l’espérer. Car la vie, ce n’est pas que le rugby, même si à Biarritz et à Bayonne, il compte beaucoup. Les gens s’adapteront, c’est sûr, et le Rouge et le Bleu flotteront longtemps à tous les mâts, surtout celui que Biarrots et Bayonnais ont fiché en plein cœur, à jamais.
Sur terre, la différence saute aux yeux. Il en est de même dans l’eau. Le Bayonnais se baigne tandis que le Biarrot nage. Le Biarrot se joue des rouleaux de l’océan. Le Bayonnais lui, ne flotte qu’en piscine ou dans la Nive. Et même si pour lui Biarritz est Bayonne Plage, on ne le voit pas sur le sable biarrot à Miramar, à la Grande Plage, au Port Vieux, à la Côte des Basques, à Édouard VII ou à la Milady. On le trouve plutôt à Anglet.
Tout donc oppose les deux villes, et en plus le rugby !
Le vin est un vino joven. Il est très jeune en effet. Ils le servent plus que frais, mais il déglace les dents et il fortifie les plombages tout en anesthésiant les dents creuses. Mais c’est le jeu.
Il n’y a rien de bon à attendre d’une ville qui fait son miel avec les oisifs fortunés et qui n’est en ordre de marche que pendant la saison.