Au milieu des ronces et des fleurs desséchées, Lucas s'adresse à son père défunt, enterré dans le jardin familial. Un jardin autrefois splendide et aujourd'hui tombé en ruines, à l'image de l'histoire familiale qui compose le monologue de Lucas. Les souvenirs les plus sombres de son enfance brisée se mêlent à un présent cousu de rancoeurs, particulièrement meurtri par un amour profond dont l'expression a été lourdement empêchée: l'amour de Lucas pour sa mère, éloignée contre son gré de sa famille. La figure du père, d'apparence médiocre, revêt peu à peu les traits du mépris, de la lâcheté et de la violence, dès lors qu'il décide d'accueillir au sein du foyer familial deux inconnus, Eloy et Felisberto. Deux êtres abjects qui vont rapidement détruire la famille de Lucas et plonger son enfance dans des abîmes de peur, de colère, de haine et d'impuissance.
Natalia García Freire signe avec
Mortepeau un premier roman fascinant, qui explore avec finesse les rouages de la décomposition d'une famille, à travers une écriture tellurique qui, tour à tour répugnante et poétique, vient illuminer l'obscurité d'un récit proche du conte gothique. L'omniprésence du lien humain à la terre et du monde mystérieux des insectes donne corps à l'étrangeté captivante du récit et illustre à merveille la vulnérabilité des relations humaines.
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