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Critique de Julian_Morrow


L'ombre de la Pléiade

Saint-John Perse est à bien des égards un poète difficile à cerner. Son oeuvre peut apparaître d'un abord difficile, elle échappe aux classifications et aux écoles, elle s'est voulue hors de l'histoire et de la géographie, comme éloignée dans une atemporalité mythique. Quant à la vie du poète, elle croise celle du diplomate, et les boucles sont parfois difficiles à suivre.

Pour ne rien arranger, Saint-John Perse mit tout en oeuvre de son vivant afin de brouiller les pistes et les cartes. le sommet de cette entreprise fut atteint avec la publication du volume de la Pléiade, en 1972.
S'il ne fut ni le premier ni le dernier à être "pléiadisé" de son vivant, Saint-John Perse a obtenu des éditions Gallimard le privilège exorbitant, et injustifiable, de rédiger lui-même le volume, de la première à la dernière ligne. En résulte une Pléiade qui, certes offre l'oeuvre poétique complète – c'est un minimum – mais ne propose qu'une notice biographie sommaire, et avouons-le régulièrement mensongère. Quant à l'appareil critique que l'on est en droit d'attendre d'une édition savante, il est absent. Au mieux lacunaire, au pire inutile.

Ce que les auteurs de "Saint-John Perse sans masques" proposent dans ce volume précieux, c'est tout simplement cet appareil critique que l'on ne trouve pas dans le volume de la Pléiade.
Une introduction de 40 pages qui fixe les principes de l'étude philologique.
Une chronologie détaillée, 90 pages.
Et surtout, 300 pages de commentaires de l'oeuvre poétique. Poème par poème, chapitre par chapitre, verset par verset. Signification des mots rares – et ils ne manquent pas sous la plume du poète – commentaires thématiques, stylistiques, références aux sources... Tout est éclairé.
Ce travail de titan, et d'orfèvre, est l'oeuvre de quatre grandes spécialistes du poète, quatre grandes universitaires. Joëlle Gardes-Tamine, qui en a dirigé l'édition, Colette Camelin, Catherine Mayaux et Renée Ventresque.

Quiconque ayant ouvert un volume de Saint-John Perse sait à quel point ses poèmes sont d'une beauté envoûtante, et aussi combien il est parfois malaisé de saisir le sens qui se cache derrière les images.
Bien entendu, nul n'est besoin de tout saisir pour goûter la musique et le charme de cette poésie.
Mais, si vous désirez aller au coeur du texte, alors ce livre est indispensable.
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