Il est des non-dits qu'il vaut mieux ne pas verbaliser. Malheureusement, ce premier roman de
Michael Mann commet l'erreur de rompre le charme du film original en nous délivrant tous les détails nécessaires au travail de préparation des acteurs, mais inutiles pour les simples spectateurs que nous sommes. L'entreprise, bien que louable, s'avère contre-productive. En effet, le réalisateur gâche l'aura de mystère qui entourait les personnages de Heat. Pire encore, là où le naturalisme de l'oeuvre cinématographique nous faisaient ressentir de manière intense les hasards de la vie à l'origine des péripéties, le caractère téléphoné de l'intrigue du livre ne fonctionne tout simplement pas :
Comment trouver crédible que COMME PAR HASARD, Pacino et DeNiro ont opéré chacun de leur coté à Chicago au même moment et ont eu COMME PAR HASARD affaire au même criminel ? Ajoutons que l'antagoniste principal n'est pas crédible une seule seconde, ce dernier semblant tout droit sorti d'un sous-Fincher glauque au possible, à des années-lumières du style aérien de Mann. Enfin, que dire du style désespérément pauvre des auteurs ? Il y a une nuance entre une écriture ciselée et sèche à la McCarthy et l'absence totale de poésie dans l'agencement des mots qui réduit l'intérêt du livre à sa seule intrigue, laquelle est certes étoffée, mais la plupart du temps pour nous apprendre des choses peu intéressantes. Et je doute qu'il faille imputer cela à la traduction française, qui me semble tout à fait correcte.
Finalement, on retiendra que le projet littéraire
Heat 2 est tout aussi casse-gueule que son homologue audiovisuel, une arlésienne davantage crainte que souhaitée à la lecture de ce pavé nébuleux.