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Critique de KRYSALINE555


Je commence par remercier infiniment les éditions « Albin Michel » et la masse critique de Babelio qui m'ont permis de découvrir enfin un roman de Lisa Gardner ! J'ai un autre roman de cet auteur au chaud dans ma « pile à lire » (la maison d'à côté) mais je n'ai pas encore trouvé le temps de le lire.

Donc quelle aubaine pour moi de découvrir l'auteur au travers d'un autre de ses romans : « A même la peau », moi qui suis une fana inconditionnelle des thrillers, policiers et autres romans psychologiques. La couverture m'a d'ailleurs de suite séduite ; belle, simple, sobre, des yeux bleus, des cheveux blonds et une belle tâche de couleur rouge : une rose, le tout sur fond noir.

Alors le personnage de D.D. Warren, enquêtrice à la brigade criminelle de Boston, semble être un personnage récurrent dans les thrillers de Gardner et du coup j'ai eu un peu peur d'être « larguée » n'en ayant pas lu un seul avant. Mais je me suis vite aperçue que cela ne présentait aucun handicap puisque les romans peuvent se lire indépendamment les uns des autres.

On commence donc cette histoire-ci, par une scène de crime particulièrement atroce puisque la victime a été entièrement écorchée post-mortem, sur laquelle D.D. Warren est revenue seule le soir après avoir renvoyé chacun de ses enquêteurs chez eux. Elle compte y glaner d'autres indices pour la mener sur une piste. Mais, alors qu'elle se croyait effectivement seule à fredonner une berceuse pour enfant, elle s'aperçoit trop tard que quelqu'un d'autre (le tueur ?) est aussi présent. Comme il y fait noir comme dans un four, elle glisse (ou l'a-t-on poussé ?) dans les escaliers en tirant trois coup de feu à l'aveuglette et fini avec une fracture par arrachement de l'épaule gauche ! Elle ne garde aucuns souvenirs de la scène en question, seulement cette douleur insupportable à l'épaule qui la handicape très fortement. Outre la blessure qui lui vaut un arrêt, elle est aussi suspendue temporairement tant que l'enquête interne déclenchée à cause des tirs n'aura pas statué sur les conditions dans lesquels ils ont été tiré.

En attendant elle est dirigée vers une thérapeute spécialiste de la douleur : le Dr. Adeline Glen, qui soit dit en passant présente une particularité génétique et non des moindres : elle ne ressent elle-même aucune douleur. Ce qu'on pourrait qualifier de « chance » n'en est en fait pas une, une malédiction plutôt puisqu'elle doit vérifier chaque soir qu'elle n'est pas blessée, coupée etc… Elle va donc aider D.D. à gérer sa souffrance par la méthode IFS (Internal Family System). Cette approche est de créer un dialogue intérieur entre les parties (sous personnalités) du patient et son « Self », instance centrale du psychisme, qui a les ressources pour clarifier, accueillir, soutenir et guérir les parties blessées de notre personnalité. Il s'agit de dégager petit à petit les charges et fardeaux (traumas, croyances bloquantes) douloureux portés par les parties blessées et traumatisées de notre histoire passé qui s'invitent encore dans notre présent (Source emdr-Marseille). Elle va ainsi l'inciter à donner un « petit nom » à sa douleur et l'encourager à lui « parler » et lui enjoindre de « partir ». D.D. très sceptique sur cette méthode, nomme néanmoins sa douleur « Melvin » !

C'est donc une D.D. amoindrie par sa blessure et censée être en arrêt qui va quand même continuer d'enquêter puisqu'il y a encore deux autres crimes commis avec les mêmes caractéristiques : victimes écorchées post-mortem, une rose en travers du corps et une bouteille de champagne sur la table de nuit.

La thérapeute va même s'adjoindre à l'enquêtrice car à bien y regarder ces crimes ressemblent étrangement à ceux commis 40 ans plus tôt par Harry Day, le père biologique d'Adeline. Et bientôt, sa soeur Shana, devenue meurtrière à son tour, va devenir une suspecte plausible même si elle est derrière les barreaux depuis 30 ans. Aurait-elle pu commanditer ces meurtres et bénéficier de complicité à l'extérieur de la prison ? ou même à l'intérieur ?

Adeline qui a d'abord été hermétique aux sollicitations de sa soeur, cède cependant à sa demande à la mort de son père adoptif et va la rencontrer une fois par mois. Elle cherche malgré tout et quoiqu'elle soit persuadée que ce ne soit possible, à reconstruire une « famille » qui aurait survécu à la noirceur de leur vie et aux crimes perpétrés par leur père. Elle refuse de croire à une sorte de fatalité généalogique… Mais Adeline a aussi un côté obscur qu'elle garde bien planqué sous les lames de son plancher...

Alors, c'est vrai qu'après un départ sur les chapeaux de roue l'histoire met un peu trop de temps à s'installer et le côté psychologique va prendre le pas sur l'intrigue et le côté « thriller ». Les personnages des deux soeurs sont assez fouillés. On comprend leurs relations complexes, leurs antagonismes. Les questions de l'inné et de l'acquis qu'Adeline se pose souvent.

Elles qui ont été placées en foyer d'accueil à respectivement 4 ans et 1 an, après le suicide de leur assassin de père et l'internement de leur mère en psychiatrie. Adeline sera adoptée par un médecin qui prendra soin d'elle et continuera à mener des études sur son cas. Elle ne manquera de rien et sera éduquée, fera des études et connaitra la réussite en tant que médecin. Shana quant à elle, n'aura pas cette chance : elle sera placée aussi dans une bonne famille d'accueil, mais elle commettra un crime à son tour à l'âge de 14 ans qui la mènera en prison car elle sera jugée comme une adulte. Par la suite en prison, elle tuera l'une de ses codétenues et deux gardiens. Pour cela elle prendra perpète.

D'où leurs questionnements : Peut-on échapper à son « destin », est-il « tracé » d'avance, échappe-t-on à ses origines, hérite-t-on de la violence, possède-t-on des gènes prédestinés au malheur, etc… Deux soeurs, deux cheminements différents, pour une fin plutôt détonante ! Pour un peu, la véritable intrigue et l'enquête menée par D.D. passerait presque au deuxième plan ! Mais que nenni ! puisque tout est lié ! Enfin, tout, sauf le coupable qui tombe presque comme un cheveu sur la soupe (ou du moins son mobile !) – d'aucuns disent l'avoir vu venir, moi pas !

Une petite réserve donc pour moi, sur la découverte du coupable et de son mobile, mais qui ne constitue pas en soi le fin mot du livre. Final qui au contraire m'a paru largement à la hauteur du récit et des protagonistes. Une sorte de réponse imparfaite à la quête existentielle que porte l'histoire.

Un thriller, assez réussi pour moi, même s'il semble y avoir une ou deux incohérences. La traduction qui gène parfois par son manque de fluidité, est là au contraire bien faite. Je m'en vais donc poursuivre la découverte de cet auteur avec d'autres titres et allez, pour la forme : une demie étoiles en moins pour les quelques questions qui me sont restées en suspens : 4.5/5
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