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Critique de Derfuchs


Louche cette affaire ! Disparue, enlevée, Sandra est absente quand Jason rentre de son boulot, la nuit, il est journaliste. La petite Ree dort dans sa chambre, le chat, M. Smith, sur le lit, à ses pieds.
Le mari a pris son temps pour prévenir les flics. Cela en fait-il un suspect ? Faut voir !
Drôle de bonhomme le mari, pas accablé, absent, les yeux autre part, dans les nuages, la petite endormie dans ses bras. Pas de doute il sait plus qu'il ne veut en dire pense D.D. Warren, commandant de police judiciaire à Boston, chargée de l'enquête.
Faut fouiller et on fouille, poubelles, ordinateur, I.Pod, console de jeu, etc. enfin tout ce qui a une puce et dans lequel on peut cacher des données, on en a vu d'autres, on maîtrise. Pas tant que ça, en fait. Oh, certes on découvre quelques trucs, Sandra est enceinte, elle avait, peut-être une liaison, avec un mineur, avec un flic ?
Non, m'dame, je ne sais pas, dit le mari.
Cela ne nous avance pas tout ça. Heureusement le voisin a des choses à dire, c'est certain, ancien tôlard emprisonné pour viol sur mineure, c'est sûr, on le tient ! Coupable ? Hmmm !
Le grand-père qui débarque en force : j'veux voir ma petite fille ! Non dit Jason. Non ? Non ! On verra !
Et il obtient, papy, un droit de visite au grand dam du père abattu, mort de fatigue, déboussolé, protégeant sa fille de tout ce brouhaha, ce remue-ménage, ces journalistes, ces flics et, en plus, la petite qui réclame sa mère, jusqu'à vouloir participer à une battue. On craquerait pour moins, s'pas ?
Il y a quelque chose qui ne va pas. On accumule les mensonges, les uns après les autres, qui dit la vérité, qui ment ? le temps passe, c'est sûr la mère est morte, trop d'incertitude, de doutes ; pas de corps, pas de demande de rançon, la mer si proche, alors ?
Eurêka, l'ordi du Monsieur, à poil l'ordi ! Dont acte...
Dans cette plongée au coeur d'une famille sans histoire, avec autant d'éclaboussures qu'un éléphant sautant dans une piscine, car elle en laisse des traces la D.D., indélébiles pour certains, elle bouscule, rouleau compresseur, pas le temps de tergiverser, oh que non, le temps c'est de la vie, fissa, jamais elle se pose, elle bouge et veut comprendre, tempête dans un crâne, y arrivera, y arrivera pas, Gardner nous sort une écriture à trois voix.
Une petite en italique pour la maman. On part de loin et on ira au bout.
Une autre à la première personne du singulier, celle d'un homme aux abois, un type vivant mais mort depuis un bout de temps dans sa tête et qui s'accroche à l'air qu'il respire, pour qui, pour quoi, à quoi bon. Impuissant devant ce qu'il est devenu et devant ce qu'il représente aux yeux des autres.
La dernière, celle de l'intrigue, de l'histoire, des flics, des journaleux, du père, Jason, du grand-père, Max, à la troisième personne. Là on voit, on est informé, on sait, on suit et on essaie de comprendre, de deviner, pour autant que l'on puisse car elle ne fait pas dans le simple la D.D., torturée qu'elle est par ses rêves de bouffe et son absence de sexe, bref la brasse coulée.
Chaque voix, chapitre après chapitre suit son chemin et de trois lignes parfaitement parallèles au début du bouquin, elles commencent à se rejoindre au fil de l'avancée dans l'histoire pour terminer en une seule et même ligne où le dénouement, la vérité, la vraie nous est révélée à la dernière page.
Cette intelligence d'écriture n'est certes pas une première, elle a, cependant, ici, le mérite de donner une intensité supplémentaire à l'intrigue, une dimension surprenante dans la découverte des destins et du passé des personnages. Ce stratagème ajoute du suspense au suspense généré par le récit lui-même. le lecteur acquiert, avec l'avancée de sa lecture, une crainte quant-à ce qu'il lit, ne sachant si on ne le trimballe pas, comme un bateau dans une tempête, d'un côté et de l'autre de la vérité.
Tu acceptes le récit à la troisième personne, l'italique te le percute pleine tête, tu sais plus, plus du tout et c'est fichtrement malin et bien joué de la part de Gardner !
Livre plein de rebondissements et d'incertitudes, obligeant le lecteur à faire travailler ses méninges, ce que je n'aime pas, suis pas flic moi, au dénouement dit et accepté, avalé et digéré par D.D et autrement révélé. Bel ouvrage, belle écriture simple, ronde, lisse, efficace, du dialogue policé (dommage quelquefois, un peu de muscle aurait pas été mal) et riche, beau travail de recherche, bref que demande le peuple ?
Qu'est-ce qu'on dit ? Merci Lisa.
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