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Citations sur Personne n'est venu (42)

La force de ses coups le projeta en avant, et je l'entendis crier en s'écroulant sur le sol. Sa jambe saignait ; il se replia sur lui même pour essayer de se protéger. Dans sa rage, la religieuse se mit à lui frapper les bras.
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Il se mit alors à sangloter. Pas pour réclamer sa mère, encore moins Stanley, mais tout simplement parce qu'il n'avait pas quatre ans et qu'il était mort de peur. La bouche grande ouverte, il se mit à pousser des cris de terreur. Les larmes jaillissaient de ses yeux et coulaient sur ses joues, se mêlant à la morve avant de dégouliner de son menton. Le visage écarlate, il avait du mal à reprendre sa respiration entre deux sanglots. Il me lançait des regards suppliants et moi, presque aussi terrifié que lui, je m'en remettais à John. J'avais besoin qu'il dise quelque chose, n'importe quoi, mais qu'il me rassure. C'était mon grand frère, mon héros. J'avais besoin de revoir son fameux sourire, celui qui me disait que nous étions unis, lui et moi, contre le monde des adultes.
Mais quand je vis le John qu'il était devenu, en quelques heures seulement, j'eus encore plus peur. Mes épaules frissonnaient, mes jambes tremblaient, mon estomac se nouait. J'avais envie de faire pipi. J'avais envie de rentrer à la maison. J'avais envie de sortir de cette camionnette. Le garçon que je connaissais et que je regardais était en train de disparaître sous mes yeux, englouti par une peur innommable que, pour l'instant, je ne comprenais pas. Mon frère, mon grand frère, assis sur ce banc, se tenait la tête entre les mains, dans la posture d'un vieil homme abattu.
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Cet éclat donnait à l'immensité aqueuse une beauté irréelle dont le soleil ne la parait que rarement.
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Pour la première fois depuis que nous avions poussé les portes du Sacré-Coeur, j'entendis Davie éclater de rire et soudain, toute ma rancœur disparut : j'aimais à nouveau mon petit frère, sans le moindre doute.

Chacune de ses larmes me rappelait à quel point mon grand frère me manquait, à moi aussi. Son absence était une douleur constante qui ne me quittait jamais.

Davie était mon dernier lien avec ma famille et mon seul rempart contre la solitude, et je faisais tout ce que je pouvais pour lui arracher un sourire.

Toute naïveté et toute confiance avaient déserté son regard : ses yeux n'étaient plus qu'un grand vide. Ce regard, j'appris à le reconnaître : c'est celui qui s'ancre dans les yeux de ceux qui ont perdu tout espoir et toute croyance en la possibilité d'une vie meilleure.

Dans le couloir, m'efforçant de penser à autre chose, je me disais que dans ma courte vie, j'avais déjà arpenté des kilomètres de passages étroits et de couloirs sombres. Des kilomètres qui m'avaient menée dans des endroits sombres où je ne voulais pas aller.

Je découvre par la suite que tous les garçons, hormis les plus jeunes, avaient déjà participé à des soirées. Ils savaient ce qui nous attendait. Nous étions des jouets ; des jouets de différentes tailles avec lesquels des adultes allaient s'amuser.

Je serrai les poings très fort en pensant à John. Il représentait mon avenir, je savais qu'il m'attendait, et ensuite nous attendrions tous les deux que Davie sorte de l'orphelinat. Et là, enfin, nous formerons à nouveau une famille : nous trois contre le monde entier. Je m'accrochais à ce rêve pour supporter la quotidien. Un jour, j'en étais certain, il allait se réaliser.

On est tous les deux, petit frère, rien que toi et moi contre le monde entier.
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Je le vois si nettement, maintenant, cet autre moi, ce jeune garçon qu'on a privé de son enfance. Car il vit toujours à côté de l'adulte que je suis devenu.
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Pour la première fois de ma vie, je crois que j'ai eu une idée plus précise de ce à quoi était censée ressembler une mère.
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Je le vois si nettement maintenant cet autre moi ce jeune garçon qu'on a privé de son enfance. Car il vit toujours a côté de l'adulte que je suis devenu.
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Il y a une limite à l'humiliation que l'on est prêt à subir. Quand la peur a été épuisée, la colère peut prendre le relais.
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Il m'est arrivé de me demander si c'est le désir mêlé aux souvenirs qui a façonné l'image si parfaite de ces jours heureux. Est-ce mélange qui a donné plus de chaleur aux rayons du soleil, plus de couleurs aux ailes des papillons, plus de douceur au chant des oiseaux et plus de résonance à nos rires?
Et est-ce mon désir de faire du dernier été de mon enfance un été parfait qui a minimisé la dureté des gifles de Gloria de plus en plus imprévisible, recouvert d'un voile la dépression grandissante d'un Stanley quasiment inexistant, atténué les cris de détresse et les pleurs de Denise, et rempli nos estomacs?
Je ne le sais pas, parce qu'à chaque fois que je repense à cette époque, si longtemps après, je la vois à travers une brume qui fait briller le moindre grain de poussière et donne à chaque jour une teinte idyllique. Je me souviens des femmes en robes légères, de la beauté du ciel bleu, de l'écume blanchâtre de la mer, du soleil éclatant, et les rares jours où quelques nuages marbraient l'horizon, la pluie elle-même charriait un parfum de fleurs.
Mais je me souviens aussi qu'à la fin de cet été, un sentiment insidieux d'anxiété a envahi notre foyer ; une mise en garde que je n'ai pas entendue et qui signifiait que bientôt, notre vie allait changer à jamais.
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Je suis un homme ordinaire; on pourrait même dire que je suis insignifiant. Cela ne me dérangerait guère. Je sais qui je suis. J'aime l'ordre; la routine est une chose importante pour moi. C'est grâce à ces jours qui se suivent et se ressemblent que j'ai fini par trouver la paix.
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