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Critique de Colchik


Voici un conte délicat et merveilleux. Mrs Tebrick, au cours d'une promenade dans la campagne anglaise se transforme tout à coup en une jolie renarde. Mr Tebrick ne doute pas un instant que l'animal affectueux qui vient vers lui est sa ravissante épouse et s'emploie à la ramener à la maison pour la protéger des chasseurs. Il licencie son personnel pour se consacrer dorénavant, et en secret, à la jolie renarde. Il la baigne, la brosse, la parfume et essaie dans le lieu clos de la maison de lui procurer quelques distractions, en lui faisant la lecture à haute voix ou en jouant aux cartes avec elle. Mais, notre renarde ainsi confinée s'ennuie. Commencent alors des promenades dans le jardin, car la campagne est trop dangereuse. Mais, malgré toute sa douceur, la charmante bête ne peut échapper aux instincts de sa race et se met à chasser canards et oiseaux de toute plume. Mr Tebrick, pourtant homme de peu d'imagination, comprend la métamorphose lente qui s'opère.
David Garnett ne donne aucun effet à son écriture pour nous faire glisser de la banalité du quotidien d'un couple retiré à la campagne au merveilleux sans coup de théâtre : ce qui arrive à Mrs Tebrick advient tout simplement, et la seule chose qui importe c'est que Richard – comme la gouvernante d'ailleurs – ne doute pas un instant que la renarde EST Silvia. Tout le reste n'est qu'une affaire d'accommodements. Bien sûr, les premiers temps, Mr Tebrick croit en une réversibilité de l'état de son épouse, mais quand cette possibilité s'éloigne, il s'adapte à la situation au fur et à mesure que Silvia est soumise aux impératifs de sa métamorphose et se met à dévorer des lapins sans passer à table et manger bien proprement dans son assiette. Elle fait avec sa condition de renarde et son mari fait avec sa condition d'être humain attaché à une renarde. Rien ne change fondamentalement dans leur relation sinon que tout a changé autour d'eux.
David Garnett se garde bien de nous délivrer un message. Pourtant, on ne peut éviter de le rechercher, voire d'en discerner plusieurs. L'amour de Richard s'accommode de tous les obstacles car il les fait tomber chaque fois qu'il s'en présente un. L'homme conventionnel, conformiste, connaît lui aussi sa métamorphose et elle est tout aussi radicale que celle de Silvia : il se met à portée de celle qu'il aime et, peu à peu, il abandonne le sens de conventions, les règles de la bonne éducation, les règles d'une vie normale pour suivre d'un amour neuf et sans préjugés celle qu'il aime. L'auteur nous montre aussi que la différence entre les espèces ne devrait jamais nous faire oublier que notre humanité s'accomode bien facilement d'un mépris et d'une certaine cruauté pour les créatures animales.
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