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Critique de Seraphita


« Les Insulaires et autres romans (noirs) » est un joyau composé de 3 facettes, 3 romans écrits par Pascal Garnier, orfèvre de l'humour noir.
Dans « La place du mort », Fabien se retrouve soudainement veuf : son épouse Sylvie a été retrouvée morte au fond d'un ravin, dans une voiture, aux côtés de son amant. Fabien va alors retrouver l'épouse de l'amant de Sylvie. Une liaison pour le moins risquée où la mort guette, en filigrane…
« Les insulaires » met en scène Olivier, alcoolique en rémission, qui, pour s'en sortir, s'est imaginé vivre sur une île déserte. Sa vie bascule lorsque sa mère âgée décède : un long déplacement le conduit de Nice à Versailles. Parallèlement, une rencontre inopinée l'amène à remonter le temps… jusqu'à sa jeunesse où l'amour a côtoyé la mort…
Dans « Trop près du bord », Eliette, la soixantaine, veuve, s'ennuie terriblement dans sa maison isolée au fin fond de l'Ardèche. Un jour de pluie, sur une petite route tortueuse de montagne, son destin va basculer…

Pascal Garnier sait dépeindre à merveille les espoirs et les errances de l'humanité, avec une plume à la fois tendre et acérée où la poésie affleure, derrière chaque mot. D'ailleurs, il s'essaie à la définir, par la voix d'un de ses personnages :
« Elle avait lu un jour une définition de la poésie : « Deux mots qui se rencontrent pour la première fois. » » (p. 394. « Trop près du bord »)

Il ne se contente pas de la définir, il la met en pratique au fil de ses romans, en témoignent quelques extraits :
« Forlani et les deux blouses blanches échangèrent un regard circonflexe. » (p. 31. « La place du mort »)
« Eliette n'arrivait pas à desserrer les dents. Son coeur battait dans sa poitrine comme un volet mal fermé. » (p. 446. « Trop près du bord »)

Le propos peut souvent paraître glauque, mais l'auteur sait admirablement tourner le pire en dérision :
« Les trois corps portés par des hommes en blanc furent enfournés dans une ambulance qui faillit tomber dans le fossé en démarrant. Ça ressemblait à un de ces nombreux faits divers qui font la une du journal local avant d'envelopper un merlan. » (p. 476. « Trop près du bord »)
Le lecteur rit… jaune…

Pascal Garnier sait aussi dire à merveille « l'illettrisme » de certains coeurs et ses ravages :
« La comtoise sonnait la demie de minuit. Fernand Delorme regardait son fils pleurer depuis près d'une heure, sans interruption, comme un barrage qui cède. (…) Il y avait certainement un mot à dire, le même qui aurait pu retenir Charlotte, qui aurait pu faire de sa vie autre chose qu'une survie, mais il ne l'avait jamais appris. Jusqu'à présent il avait comblé cette carence par un digne silence, mais ce soir, il lui manquait cruellement ce mot, il se sentait illettré du coeur. » (p. 158. « La place du mort »)

Le lecteur ne s'ennuie aucunement au fil de ces 500 pages dans lesquelles l'auteur sait dépeindre l'ambivalence de l'humanité, perpétuellement tiraillée entre deux pôles antagonistes : Eros et Thanatos…
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