Amis babeliotes, voici un ouvrage unique, pas forcément en son genre, mais surtout par son contenu.
Sophie Garnier, l'auteure, franc-comtoise d'origine et de coeur, soucieuse de garder précieusement, comme tout patrimoine immatériel, le langage des campagnes de Franche-Comté, s'est mise à glaner, grappiller, des expressions, des idiomes, des manières de "causer" en traînant bien l'accent, non seulement chez ses grands-mères mais aussi dans l'histoire culturelle, rurale et linguistique de la Comté ; la Comté, d'ailleurs, se targue souvent d'avoir des habitants au caractère bien trempé. Leurs ancêtres n'ont-ils pas -avant le traité de Nimègue- su résister un long temps au Roi Soleil, lui-même ? La formule, devenue légende, qui relate ces événements est
"-Franc-Comtois, rends-toi !
- Nenni, ma fois !".
Sans être aveuglément chauvin ou désespérément nationaliste-extrêmiste- Dieu et diable m'en préservent- je pense que tout bon Franc-Comtois aime à rappeler la belle époque de l'autonomie de la Comté, celle où le bras droit de Charles Quint, Nicolas Perrenot de Granvelle, vivait en son palais à Besançon.
Alors, amis babeliotes, pour qui V'soul, Pontus, B'sac ne signifient rien, plongez dans ce recueil comme si vous partiez en voyage : vous allez y rencontrer des êtres hauts en couleurs, à la verve imagée au FRANC-parler ( et pour cause ! ) à l'ironie drôle et vous y trouverez des formules dont le sens et l'essence viennent tout droit d'un contexte géographique, socio-économique (même actuel !), de l'histoire, des paysages entre Vosges, Suisse et Jura, et des produits du terroir tels que le vin jaune du Jura, le Comté, le Morbier, le Mont d'Or, la divine, unique et collante cancoillotte, les patates de Haute-Saône (La fameuse Haute-Patate- !) et le reste, tout le reste.
J'ai bien conscience qu'un Béarnais, un Corse, un Bordelais, un Breton, un Picard ne pourront sûrement pas saisir tout ce qui nourrit et fait le richesse de ces morceaux choisis, mais je suis certaine que chaque francophone, quel que soit son origine, pourra, peu ou proue, appréhender la richesse humaine et collective de ces extraits de vie sortis d'un quotidien bien réel et toujours actuel.
Alors, acceptez ce bain de jouvence rural en environ 90 pages, au pays des Montbéliardes, de Thibaut Pinot, de la saucisse de Morteau, des hivers plutôt rudes (cela dépend des années !) , des bonnes bringues pour se réchauffer et du FRANC-parler !