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Critique de belette2911


États-Unis, années 30, la crise a frappé de plein fouet tout un tas d'entreprises, des chômeurs font la file pour tenter de trouver un emploi, de la nourriture. Jack, qui bossait chez Ford, a été mis à la porte parce qu'il était Juif. Sympa, monsieur Ford (ironie).

En URSS, on offre des tas d'emplois dans les usines, des logements gratuits, des bons salaires, des congés payés… Chez eux, on prêche l'égalité, le plein-emploi, limite si demain, on ne va pas raser gratis. le communisme semble si tentant, de loin, avec ses belles paroles.

♫ Caramels, bonbons et chocolats ♪ comme le chantait si bien Dalida à Alain Delon.

Puisque Jack crève la dalle, puisqu'il vient de tirer sur son usurier de propriétaire, puisque plus rien ne le retient dans le pays qui n'est pas encore celui de Donald Trump, il cède aux sirènes prêchées par son ami d'enfance, Andrew Scott, syndicaliste et communiste fervent. L'U.R.S.S est le dernier paradis, là où ils pourront refaire leur vie, avoir du travail, vivre mieux.

Mon cul… Si j'avais pu leur parler, voilà ce que j'aurais dit à Jack. Je lui aurais conseillé de ne pas partir, que l'herbe n'était pas plus verte ailleurs, que là-bas, elle serait même jaune, amère, pire que celle d'Amérique.

Mais pour lui, là-bas, tout est neuf et tout est sauvage. Libre continent sans grillage… Faut du coeur et faut du courage, mais tout est possible à son âge. C'est pour ça que j'irais là-bas, a dit Jack. Merci à JJG pour ses paroles qui allaient bien à ce passage.

Le communisme et son illogisme, il se le prendra en plein dans la gueule. Égalité ? Mon cul (oui, encore lui). Toi, petit ouvrier, tu ne peux avoir accès à la propriété, mais les dignitaires du parti, eux, ne se privent pas d'avoir des propriétés, du fric, de magouiller, de faire trimer les paysans pour s'enrichir encore plus, plus vite.

L'auteur a fait des recherches, cela se sent dans son récit, qui colle au plus près à ces années noires du communisme, à son hypocrisie. C'est très intéressant à lire, à découvrir. On est immergé dans le récit, dans son époque trouble. J'ai toujours eu un faible pour la Russie (le pays, pas ses dirigeants, ni le communisme), j'étais donc dans mon élément, aux pays des Soviets.

Là où cela a coincé, c'est avec certains personnages, à la limite du manichéisme. Jack est le gentil, celui qui magouille sans trop arnaquer les autres, juste pou avoir de quoi s'en sortir, qui les aide, aussi. Il ne manque pas de réalisme, son pote Andrew non plus, lui qui ne voit que le bon côté du communisme et qui en a après tous les sales capitalistes.

L'inconvénient, c'est qu'ils manquent de subtilités, ça fait trop "gentil opposé au méchant". Manque de finesses dans ces deux personnages, d'épaisseurs, de relief, de charisme. Pour peu, on se retrouverait avec un Tintin "Jack", le gentil qui aide tout le monde, même s'il rechigne un peu au début et qui va tout résoudre après.

De plus, Jack vire un peu trop à l'obsession avec son envie de se faire aimer par Elizabeth, une fille superficielle qui n'aime que les mecs riches. Jack, ouvre les yeux, nom de Dieu ! Un peu, ça va, mais à la fin, il devient lourd, le Jack.

Par contre, l'intrigue est très bien faite. Des sabotages ont lieu dans l'usine de la Zavod, à Gorki et notre Jack ne saura plus trop à quel saint se vouer. Qui joue avec ses couilles ? Qui lui ment ? Qui magouille et pourquoi ?

Dans ce système qui parle d'égalités, des ouvriers américains disparaissent, accusés de contre-révolution, la famine commence, on manque de tout, la répression frappe aveuglément et la corruption est la base de tout. Jack devra exécuter un sacré numéro d'équilibriste pour s'en sortir, tout en menant l'enquête sans savoir qui est dans son camp ou contre lui.

Hormis les quelques points d'achoppement avec les portraits trop manichéens de Jack et d'Andrew, j'ai apprécié le récit, cette plongée dans l'URSS des années 30, avec le moustachu Staline qui commençait déjà ses purges, qui menait tout le monde à la baguette, qui réprimait la population, tout en disant l'aider, tout en disant qu'il avait sorti les paysans de leur misère. Tu parles… Un génocidaire, voilà tout ce qu'il fut, tout ce qu'il était, le Joseph.

Un bon thriller que j'ai dévoré en peu de temps, tant je me sentais bien dans ses pages, bien qu'il ne fasse pas trop bon de traîner au pays des Soviets… Au moins, avec la littérature, on risque moins de se retrouver emprisonné.

Avec des personnages plus travaillés, plus profonds et moins superficiels, on aurait eu un très bon thriller. Là, ce qui sauve les meubles, c'est l'intrigue, le côté politique, le côté agent double qui ne sait plus à qui il peut faire confiance et l'immersion dans une époque terrible. Là, au moins, c'était bien travaillé !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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