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Critique de Allantvers


Les sensations de la guerre sont encore vivaces chez Romain Gary, qui l'a vécue avec toute la force et le courage de ses nerfs, quand il publie ce premier roman en 1945. Cela se ressent dans ce texte magnifique, écrit à fleur de peau et portant à la fois les désillusions d'un homme face à la misérable violence de l'humanité en même temps que son rêve d'un autre monde, une autre Europe.
Les points de lumière sont rares dans ce maquis en Pologne où l'on suit le parcours initiatique douloureux de Janek, tout jeune homme taiseux et blindé dans sa force de résistance, qui a rejoint les partisans après la disparition de ses parents dans des conditions évidemment dramatiques. Les hommes sont rudes, durs au mal mais fragiles aussi face à la maladie, au froid de l'hiver en forêt, aux embûches répétées des Allemands qui les traquent. Cette violence bestiale, cette bassesse égoïste des habitants du village, est-ce donc vers cela que l'éducation européenne construite par les Lumières et la puissance des nations a conduit les hommes?
Entre ces scènes de résistance âpre et de barbarie éprouvante ( la souffrance du petit garçon juif avec son violon en est une image symbolique et magistrale), s'intercalent des pages en rupture qui font la force du roman, écrits d'un partisan dénonçant la servilité bourgeoise, image magnifiée de la neige russe ensevelissant l'envahisseur, instants de grâce entre Janek et Zosia la belle enfant prostituée pour la bonne cause , ou encore la célébration sylvestre d'un Noël de partisans autour de la figure auréolée du résistant Nadejda.
Un roman magnifique, transcription symbolique à chaud d'une page d'histoire terrible et de l'espoir d'un meilleur après que malgré tout elle porte.
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