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Critique de saigneurdeguerre


Russel est un cow-boy qui a pas mal vécu. Il vient saluer son vieil ami… William Hattaway…

Les retrouvailles ne se passent pas vraiment comme il l'aurait espéré… William git à quelques pieds sous terre. En s'approchant de la ferme d'Hattaway, il tombe sur un gamin, Bennett. Russel souhaite voir Martha, l'épouse de William. En apprenant que cela fait trois jours qu'elle ne quitte pas le lit, Russel se précipite à l'intérieur de la maison…

Peu après une seconde tombe est creusée à côté de celle de William. Russel décide d'emmener Bennett avec lui puisque le gamin est maintenant orphelin de père et de mère. C'est un brave petit, très naïf et carrément simplet. Bennet n'avait pas de but dans la vie. Maintenant, il en a un ! Faire de Bennett un homme. Ce ne sera pas facile vu la faiblesse d'esprit du gamin.

Russel est un cow-boy. Un vrai. Il sait que sa carrière touche à sa fin. Les sociétés de chemin de fer bousillent le travail des cow-boys en transportant le bétail dans des wagons bien plus vite que si les bovidés devaient se déplacer à pattes. Russel a des économies. Assez pour acheter un lopin de terre et se doter d'un ranch. Il propose à son bras-droit, Kirby, d'être son associé, malgré que Kirby n'ait pas un rond. Tout ce que Russel attend de Kirby, c'est de prendre soin de Bennett quand son heure sera venue car Bennett ne sera jamais apte à se débrouiller tout seul. Pour la plus grande joie de Bennett, Kirby accepte.
Quelques temps plus tard, nos trois cow-boys s'arrêtent à Sundance, histoire de se procurer le nécessaire avant d'entreprendre le long voyage qui les mènera là où ils comptent s'installer. le village est aux abois. le sieur Clifton, jolie crapule endimanchée et très corruptible, vient de proposer au maire un marché : contre la « modique » somme de 6000 dollars, Sundance pourrait devenir la gare du Wyoming où l'on embarquerait tout le bétail de l'état. Contre cette somme qui représente tout ce que les habitants du coin ont comme moyens financiers, Clifton se fait fort de convaincre l'Union Pacific de choisir cette paisible bourgade ! Les habitants se mettent à rêver de lendemains qui chantent. Tout se présente pour le mieux jusqu'à ce que le corps de Bennett soit retrouvé, crâne fracassé…


Critique :

2019 m'a apporté beaucoup de satisfactions au niveau de la bande dessinée. Enormément d'histoires innovantes, de scénarios riches, de dessins et de mises en couleurs d'une qualité rare. « Jusqu'au dernier » fait partie de ces BD qui marquent. Tout y est ! Les dessins et la mise en couleurs de Paul Gastine sont dignes des plus grands. Mais toutes ces qualités du dessinateur se voient valorisées par un scénario digne de ce nom. Jérôme Félix nous offre une histoire très originale et touchante, où l'on découvre la grandeur et la petitesse de l'homme… Et le courage d'une femme ! L'aspect brut de décoffrage d'un Russel qui est largement supplanté par l'amour qu'il porte à ce gamin qui n'est pas le sien, qui n'est pas le fils parfait dont on pourrait rêver, démontre que derrière cet univers très dur, celui des cow-boys, certains individus peuvent avoir un sens de l'honneur complètement désintéressé. La tête de Bennett en dit long sur sa gentillesse, sur ses limites intellectuelles aussi, mais Russel est prêt à tout donner pour ce gosse. Par fidélité pour ses parents qui étaient ses amis ? Ou par simple humanité ?

Encore un petit mot à propos du dessin : les paysages dessinés par Gastine nous transportent sur un autre continent en un autre temps. La pluie, qui inonde plusieurs planches nous transperce jusqu'aux os tant le rendu est efficace… Et esthétique ! Quant aux personnages, leurs traits sont les reflets de leurs âmes. Clifton, le gominé de service, vous donnera envie de lui flanquer des dizaines de taloches. Il est le reflet du diable. le maire « soucieux de l'avenir de ses concitoyens », derrière ses traits de notable respectable, doit penser aux milliers de dollars dont il ne verra pas la couleur si les circonstances de la mort de Bennett devaient parvenir jusqu'aux oreilles de ces financiers qui investissent dans le chemin de fer sentant que celui-ci deviendra une poule aux oeufs d'or… Pour autant que la sécurité et la tranquillité de la ligne soient assurées…

Aucun amateur de BD réaliste ne peut faire l'impasse sur cette histoire ! Quant à ceux qui n'ont pas pour habitude de lire des livres avec des petites cases contenant des dessins et un peu de texte, c'est peut-être le moment d'essayer et de découvrir que cette BD raconte une histoire digne des prix littéraires sous une forme qui ne recourt pas qu'aux mots.
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