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Critique de ladesiderienne


Quelle superbe découverte que ce roman de Coline Gatel ! Merci aux Éditions Prélude et à Babelio, qui grâce à une opération Masse Critique privilège m'ont permis de faire connaissance avec cette auteure prometteuse et qui, autre qualité non négligeable, est originaire de la ville voisine. Elle nous propose un scénario que j'ai trouvé original en mêlant des personnages réels et inventés qui nous entrainent dans un Lyon du XIXième siècle plus vrai que nature.

A la demande de leur professeur de médecine légale, Alexandre Lassagne (1843-1924, fondateur de l'anthropologie criminelle), qui ne fait pas vraiment confiance aux méthodes de la police locale, deux de ses élèves vont enquêter sur les meurtres de plusieurs jeunes filles. D'origine sociale diverse, ces dernières avaient en commun, le fait d'avoir eu recours à des faiseuse d'anges, seul moyen à l'époque d'éliminer les grossesses non désirées. Lacassagne est un précurseur qui a enseigné à ses étudiants l'art de faire parler un corps après la mort. C'est donc au tour de Bernard Lecuyer et Félicien Perrier, deux de ses meilleurs éléments, assistés d'Irina, une journaliste d'origine polonaise, de mettre la théorie en pratique. Mais rapidement les membres de ce trio improvisé vont s'apercevoir que chacun d'eux a des choses à cacher, un passé obscur qui pourrait faire germer le doute et les soupçons dans l'esprit des deux autres.

Beau travail que celui de Coline Gatel car son texte agrémenté d'expressions locales est totalement en adéquation avec le contexte historique typiquement lyonnais. Le lecteur est invité à parcourir les traboules, à découvrir le travail des canuts et à manger dans les bouchons. Mais attention, le voyage n'est pas que réjouissances. En nous faisant assister aux balbutiements des différentes techniques scientifiques (celles qui feront le bonheur de toutes les séries télévisées policières actuelles), il faudra passer beaucoup de temps sur le bateau-morgue amarré sur un quai du Rhône, de même qu'assister à de nombreuses autopsies dans l'amphithéâtre de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, en compagnie d'étudiants hilares.
Coline Gatel mêle avec brio le thriller policier et le roman social. Elle nous dépeint les différentes strates de la société lyonnaise, du notable à la prostituée, et nous décrit la vision de cette dernière par exemple sur l'homosexualité ou sur la condition féminine. Irina, féministe avant l'heure, s'insurge déjà sur la différence des droits hommes-femmes...
Question personnage, j'ai adoré Félicien, cynique et tourmenté, trouvant refuge dans l'opium, qui campe un enquêteur de l'époque très réaliste.

Je conseille très vivement au lecteur d'être attentif car l'auteure sème des indices tout au cours du récit qui facilitent l'assemblage du puzzle final. Par manque de concentration, j'ai trouvé la fin déroutante et j'ai dû souvent faire page arrière, ne serait-ce que pour comprendre la généalogie complexe des différents personnages. Cela ne m'empêche pas d'avoir beaucoup apprécié ce roman passionnant et original (et cru, vous êtes prévenu), auquel j'accorde un 18/20, ainsi que le nouveau regard historique qu'il m'a apporté sur la ville de Lyon que je connais un peu. J'ai aimé également la clairvoyance de cet éminent médecin qui se battait pour faire admettre la thèse que c'était la société qui transformait l'homme en criminel et que l'on ne naissait pas avec les gènes d'un tueur en série...
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