Quand je me suis rendu à Paris en 2015 pour assister à la conférence sur le climat, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : peut-on vraiment y arriver ? C’était enthousiasmant de voir des dirigeants du monde entier se rassembler pour approuver des objectifs communs dans la lutte contre le réchauffement, et presque toutes les nations se sont engagées à réduire leurs émissions.
Imaginez un avenir où toute l'électricité de Tokyo ne proviendrait plus que d'éoliennes. (Le Japon est en fait très exposé au vent sur le littoral et au large.) Un jour, en août, au plus fort de la saison des cyclones, une tempête gigantesque survient ; les vents sont si forts qu'ils arrachent les éoliennes de la ville qui n’ont été mises pas hors service au préalable. La municipalité de Tokyo décide d'arrêter les éoliennes et d'utiliser exclusivement l'électricité stockée dans les meilleures batteries disponibles à grande échelle. La question est la suivante : combien faudrait-il de batteries pour alimenter Tokyo pendant trois jours, jusqu'à ce que la tempête passe et que l'on puisse relancer les éoliennes ? Plus de 14 millions de batteries. Ce qui représente une capacité de stockage supérieure à ce que le monde produit en une décennie.
Aucune autre énergie propre ne s'approche de ce que le nucléaire peut fournir aujourd'hui. (Je veux parler ici de fission nucléaire, le processus qui permet d'obtenir de l'énergie en séparant les atomes. Je traiterai de son pendant, la fusion nucléaire, dans la prochaine partie.) Aux États-Unis, près de 20 % de l'électricité provient des centrales nucléaires ; dans ce domaine, c'est la France la championne du monde, puisque le nucléaire lui fournit 70 % de son électricité.