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Critique de Dionysos89


C'est un Cris, c'est un chant… c'est aussi le désert et le vent ! Ah non, pardon. Lapsus. Car ici, nous n'avons pas droit à de belles Musulmanes, mais à des Poilus tous aussi sales et fous les uns que les autres…

Sur la lancée de la Mort du roi Tsongor et sur les conseils avisés d'un babélionaute de talent qui se reconnaîtra, je suis parti à l'assaut de ces Cris. Dès le début de ce tout premier roman de Laurent Gaudé, nous sommes happés dans un univers tourmenté, grâce à de petites phrases chics et chocs qui désorientent le lecteur et qui l'empêchent de lâcher ce bref ouvrage. En effet, si j'ose le dire, si c'est un cri, si c'est un chant, alors c'est aussi la guerre et le sang !
Les tranchées comme on se les imagine, mais en pire, et surtout avec un brouhaha de tous les instants : obus qui éclatent, hurlements à la mort des blessés de l'attaque précédente et encouragements guerriers lors de chaque avancée de l'infanterie. Mais il n'y a pas que ça, car des invectives sont inlassablement poussées depuis le coeur du champ de bataille et résonnent à l'esprit de ces Poilus bien tourmentés ; bientôt, ces voix résonnent aussi dans leur tête, même une fois éloignés du champ de bataille. À travers cette cacophonie impalpable derrière ces pages que nous lisons, Laurent Gaudé réussit malgré tout à nous faire vibrer, tantôt au rythme des secousses des obus, tantôt au rythme des soubresauts des mutilés aux portes de la mort, tantôt même aussi au rythme des mouvements compulsifs et saccadés de nos esprits, tantôt enfin à celui de ces guerriers qui n'en étaient pas avant d'aller à la guerre, mais le restèrent après en être revenu, jusqu'à leur dernier cri.

C'est donc avec un plaisir non retenu que j'ai retrouvé en ces Cris l'épopée individuelle, magnifiée plus tard dans La Mort du roi Tsongor, que j'apprécie d'autant plus après une telle lecture. Laurent Gaudé montre là tout son talent de conteur dans un chant qui honore ceux qui sont morts au champ d'honneur.

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