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Critique de Tbilissi


Ce roman a beau parler du terrible ouragan Katrina, qui ravagea La Nouvelle-Orléans en août 2005, il n'en glorifie pas moins la vie et la puissance vitale ainsi que l'immense humanité de ses personnages. Certes les détails sordides font froid dans le dos, mais l'instinct de survie semble plus fort que tout.
La forme du roman choral amplifie le phénomène et la voix de ces âmes égarées dans cette Louisiane dévastée monte en un grand crescendo bouleversant d'authenticité.

On suit donc Rose, une jeune femme, déjà maintes fois fragilisée par la vie, et qui attend l'ouragan faute de pouvoir fuir.
Son enfant de la honte, "son fils raté d'amour", Byron, qui peine à trouver sa place entre le chaos de la nature et celui des hommes.
Keanu, le jeune homme qu'a attendu Rose pendant toutes ces années et qui réapparaît au moment de l'apocalypse.

Les détenus de la prison de la ville, eux, ont bien cru mourir noyés, est-ce un miracle divin qui a permis leur évasion, et peut-être leur rédemption ?
Le prêtre local, lui, voit en cette tempête un funeste message du créateur, et perd complètement pied avec la réalité, dépassé par une obsession mystique.

Enfin, la vieille femme - elle se dit centenaire - qui récite son nom tel un mantra, "je suis Joséphine Linc. Steelson" représente la communauté noire de cette région. Elle n'est pas la seule noire à avoir vécu cette tragédie, bien loin de là, mais son histoire personnelle lui donne une dimension toute particulière ; après avoir vécu la ségrégation raciale, l'assassinat de son mari et la mort de ses enfants, elle décide de ne plus s'effacer, et de brandir fièrement son identité comme rempart au malheur : "Honte à ce pays que je porte sur les épaules et qui nous a oubliés. Honte à ce pays en lambeaux qui continue à cracher sur ses nègres. Je suis là, Joséphine Linc. Steelson, et ce soir, c'est moi l'Amérique."

Saisissant de réalisme et tout simplement bouleversant, comme souvent chez Laurent Gaudé il semblerait...
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