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Critique de Meps


Je n'avais lu que du bien de Laurent Gaudé. Notamment sur Babelio, où le nombre de ses admiratrices est florissant. J'avoue avec honte m'être interrogé à un moment donné sur cet auteur que je voyais admiré par tant de lectrices, m'être demandé si j'allais apprécier ses livres ou si ce serait un auteur "du genre" Lévy ou Musso et qu'il y aurait un surplus de guimauve. Comme je ne fais que survoler les critiques des livres que je n'ai pas lu car je veux pouvoir découvrir par moi-même il ne me restait que cette information: cet auteur plaît... et beaucoup aux femmes.

J'ai vraiment adoré ce premier livre (pour moi) de Gaudé. J'aime beaucoup quand c'est le choix du type de narration, de la façon de raconter l'histoire qui donne sa couleur véritable au livre. Et j'aime beaucoup que ce choix s'imbrique parfaitement au sujet, qu'il ne soit pas qu'un exercice de style mais bien une position pertinente destinée à rendre encore mieux les émotions, les idées défendues par l'auteur. Ici, l'imbriquement des différent narrateurs, le choix calculé des pronoms personnels (il et elle pour deux des personnages qui vont se retrouver, le je de la vieille femme et du pasteur, le nous des prisonniers qui finiront par devenir des je), l'enchainement des paragraphes, rien n'est laissé au hasard pour faire progresser le récit et le sens.

Et justement, au delà d'un livre sur la catastrophe provoquée à la Nouvelle-Orléans par l'ouragan Katrina, ce livre est centré sur la quête de sens. La nature dans sa violence pousse les différents protagonistes à se positionner face à leur vie, à ce qu'ils en font, à ce qu'on leur laisse la possibilité d'espérer en faire, pour l'un d'eux à ce que Dieu voudrait qu'il en fasse, pour le personnage extraordinaire de la "vieille négresse" comme elle se décrit elle-même, le sens qu'elle doit donner à sa fin de vie. Cette quête est passionnante, remplie d'humanité (dans tous les sens qu'humanité contient, car l'homme n'est évidemment pas que bienveillance quand on regarde la chronique des actes posés au cours de l'histoire). La nature n'a pas l'air de se préoccuper tant que ça de l'homme, si misérable et insignifiant qu'il devienne quand elle décide réellement de reprendre ses droits. Et pourtant, c'est dans ces moments que ces mêmes hommes se révèlent à eux-mêmes et comprennent qui ils sont réellement.

Pour revenir à mon introduction, il est bon de toujours remettre en question ses réflexes préconçus. Non, un auteur grandement apprécié par les femmes n'est pas forcément un auteur de roman à l'eau de rose. Oui, il faut toujours lire un auteur pour s'en faire sa propre opinion et le fait qu'il soit très apprécié peut être un critère pour décider de le lire soi-même, et pas forcément une source de méfiance. Dernière petite réflexion que je livre à votre sagacité, tous genres confondus: Y a-t-il comme je le pense plus de lectrices que de lecteurs sur Babelio et pourquoi ?
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