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Critique de emma_x


Nous nous rappelons tous de ce que nous faisions le 13 novembre 2015. Comme le 11 septembre, comme lors de la chute du mur de Berlin, comme quelques autres dates, elles ne sont pas si nombreuses, que nous pouvons ancrer profondément dans un moment précis.

Ce 13 novembre 2015, il fait beau et doux à Paris, les terrasses sont bondées. Je me souviens de m'être baladée avec ma soeur deux jours avant en sortant d'un concert à Bercy et de m'être dit que c'était quand même formidable d'habiter une telle ville et de pouvoir profiter ainsi d'un verre en soirée, dehors, et de rire.

"Y a-t-il un bruit que le malheur aurait fait en se levant et que nous aurions dû reconnaître ?"

Et pourtant, ce 13 novembre là, la douceur a déserté. L'horreur s'est infiltrée dans les vies et les a brisées. Il y a ces jeunes filles qui avaient rendez-vous, cette jeune mère qui est partie de chez elle fatiguée et en colère contre son mari, cette mère encore qui ne reverra jamais ses enfants. Et tant d'autres.

« Certains ont été chanceux, d'autres pas, mais ce n'est pas cela qui va marquer cette journée. Bientôt, nous oublierons parce que tout ce qui précède va être avalé par ce qui vient. C'est comme un trou noir en fin de journée qui va dévorer tout ce que nous aurons vécu pour arriver jusqu'à lui. Seul compte l'abîme. Et il est tout près. »

Il y a aussi d'autres gens, des soignants, des flics, des pompiers. Ceux dont le boulot est d'aider, de réparer, de soulager. Ceux qui n'étaient pas prêts à voir ce qu'ils ont vu ce soir-là et qui ne pourront pas effacer certaines images de leur mémoire.

Laurent Gaudé signe ici un livre poignant – et tellement plus que cet adjectif - pour ne pas oublier ceux qui étaient là, pour pousser la barbarie au fond du trou où elle devrait être. Pour célébrer la vie tout simplement.


« Vivre. Comme on aime. Au nom de ceux qui sont tombés. Nous serons tristes, longtemps, mais pas terrifiés. Pas terrassés. »
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