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Critique de ecceom


Pas que pour les fans de l'école Jacques Martin.

Boudiou !
Quel beau pavé où une imposante couverture cartonnée et toilée enserre près de 420 pages de beau papier épais consacrées à un monstre de la BD : Jacques Martin, l'auteur notamment d'Alix et Lefranc.

Je précise d'emblée que même si je possède tous les albums des deux héros cités (seulement ceux signés Martin tout seul quand même), je n'ai jamais été un fan absolu du Grand Jacques, arrêté dans mon enthousiasme par ces personnages aux visages mal définis, la raideur de leurs mouvements…mais surtout par la présence insupportable d'Enak et Jeanjean, les ectoplasmes qui accompagnent les premiers de cordée avec autant de pertinence que Robin auprès de Batman.
Bref .

Tout ça ne m'empêche pas de souligner le formidable intérêt de cet ouvrage où on découvre une vie d'auteur exceptionnel, étape par étape.

Jacques n'a que 12 ans quand son père, pilote d'avions professionnel trouve la mort lors d'un essai. Son fils le représentera d'ailleurs plus tard, sous les traits de Pierre Lorain dans « L'Arme absolue ». Ce deuil survenu si tôt explique-t-il la naissance des fameux orphelins auprès d'Alix et Lefranc ?

Au début des années trente, il découvre par hasard Tintin et Milou. C'est un choc décisif.
Vient le temps des débuts difficiles où Martin se cherche entre illustrations et premières BD (« le Hibou gris », « Jack et Mine »), du sous-Tintin.

Et puis, petit à petit, sa carrière se lance. Ça débute avec son intégration à l'hebdomadaire Tintin et la naissance encore maladroite d'Alix, puis de Lefranc (Le Franc en contrepoint du Gaulois Alix). Fortement encouragé par la rédaction de Tintin qui lui a demandé de s'inspirer, du dessin de Jacobs, il s'attire les foudres de ce dernier qui lui reproche (à juste titre et avec une élégance rare), les similitudes entre « La Grande Menace » le premier épisode de Lefranc et son Espadon. Cette brouille ne durera pas et les deux auteurs deviendront amis.

En 1954, Martin intègre les studios Hergé, tout en poursuivant ses séries dont le succès va croissant, avec parfois des soucis à surmonter, comme cette censure à propos de la violence dans « La Griffe Noire » ou ces accusations d'antisémitisme pour « le Tombeau étrusque ».

Dans les années 80, il atteindra définitivement la consécration, méritée, avant de céder progressivement le crayon à des collaborateurs, comme Chaillet, Pleyers, Simon, Moralès…et d'assurer la continuité de son oeuvre en mettant en place un comité éditorial.
Ce « Voyageur du temps » finira sa course en 2010. Ses héros eux, poursuivent leur route, avec plus ou moins de bonheur, prenant même des rides de manière intéressante.

Au niveau iconographique aussi, c'est une malle aux trésors !
Des centaines de planches, d'esquisses, de dessins rares, où le talent narratif, le sens de la composition, des perspectives, le soin apporté aux décors…explosent.

Vous l'aurez compris, un ouvrage d'une telle qualité pour moins de 50 €, c'est un cadeau qui n'attend qu'une occasion (anniversaire, fête, fin du Covid, premiers beaux jours…tout est bon !) pour se trouver chez tout amateur de BD .

Bravo Patrick Gaumer et merci.

PS. Voici le plan de l'album.
1921-1948 : Les années d'apprentissage
1948-1953 : D'Alix l'intrépide à La Grande Menace...Naissance d'une oeuvre
1954-1967 : Jacques Martin et les studios Hergé, première partie
1967-1975 : Des studios Hergé à la reconnaissance critique
1976-1982 : En route vers l'âge adulte
1983-2010 : Un univers en expansion
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